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18. août 2022

TREND

Facility Management

Une vaste armée de l’ombre gère les infrastructures hospitalières

Membres du comité du Réseau Romandie de fmpro, Raphaël Martinez et Marco Stäuble font le point sur les défis du Facility Management dans les hôpitaux.
Competence Marie-Claire Chamot

auteur

Marie-Claire Chamot

Rédactrice de Competence pour la Suisse romande et le Tessin

marie-claire.chamot@hplus.ch

Le milieu hospitalier est un monde à part; à quelles contraintes particulières les Facility Managers doivent-ils faire face dans ce type d’environnement?

Le monde hospitalier évolue constamment, de façon planifiée ou parfois en réponse à une urgence telle que la crise du COVID-19. Les hôpitaux sont de véritables villes dans la ville et abritent des disciplines aussi variées que spécifiques. Leur périmètre géographique s’étend aussi vite que le besoin de la population croît et que les innovations technologiques, scientifiques et médicales se développent. Les infrastructures hospitalières doivent donc s’adapter en permanence, de nombreux travaux sont réalisés, souvent dans des bâtiments existants et tout en assurant la continuité du service. En outre les surfaces disponibles dans les villes sont de plus en plus restreintes, mais l’accessibilité doit rester garantie par une localisation centrale.

Que recouvre le terme de Facility Management dans les hôpitaux?

Les Facility Managers doivent faire face à tous les besoins transverses de l’activité principale des hôpitaux. Ces besoins sont catégorisés en deux sous-groupes:

  • Le «hard FM» concerne les services directement liés aux infrastructures physiques. Il couvre tout leur cycle de vie: planification, construction, exploitation, maintenance technique, remise aux normes, renouvellement et suivi financier.
  • Le «soft FM» est lié à l’opérationnel et aux utilisateurs des infrastructures. Il comprend des services tels que l’entretien des surfaces, la désinfection, la stérilisation, la sécurité des flux de personnes, le traitement des déchets, les parkings, la restauration et bien d’autres encore.

Quelles sont précisément les missions du FM?

Pour tous ces domaines d’activité, le FM intervient lors de l’identification des besoins et de la définition des stratégies et politiques de gestion. Il met en place des concepts d’assurance-qualité, optimise les coûts, définit des outils informatiques. Il participe au développement d’organisations (coordination des équipes internes et des prestataires externes, par exemple) et à l’acquisition des prestations. Il vérifie l’application des normes, des cahiers des charges et établit des rapports sur la base des résultats de gestion.

De nouvelles compétences devront être acquises.

Raphaël Martinez et Marco Stäuble

Quelles sont les professions concernées ?

Les établissements peuvent compter sur des compétences internes qui vont s’exercer conjointement à différents stades du cycle de vie des projets et en fonction des compétences qui leur sont propres. Ils peuvent également compter sur des prestataires externes, que ce soit pour le soft FM (sociétés de services), le hard FM (sociétés de maintenance) ou également le conseil (sociétés de consulting et bureaux d’études). Le FM regroupe aussi bien des professions d’encadrement que des fonctions transverses, tels que les acheteur·e·s et logisticien·ne·s, mais également toutes les professions opérationnelles liées aux bâtiments, soit les agent·e·s techniques (sanitaires, électricien·ne·s, logisticien·ne·s, concierges, …) ou les métiers de services (agent·e·s de propreté et d’hygiène, cuisiniers et cuisinières, etc.).

Existe-t-il des formations spécifiques pour le FM?

À part quelques brevets fédéraux, il n’existe pas de formation spécifique au FM en Suisse romande et les hôpitaux n’en dispensent pas. Des cours ponctuels de niveau universitaire vont cependant être organisés prochainement. La plupart des professionnel·le·s ont une formation propre au poste qu’ils occupent et apprennent les compétences spécifiques au FM dans la pratique. En termes de recrutement, les hôpitaux font face aux mêmes opportunités et risques que d’autres secteurs d’activité.

A quels défis vous préparez-vous?

À l’avenir, les acteurs du FM vont être confrontés au développement de la numérisation, à la digitalisation des processus, à l’exploitation et l’analyse de données, à l’internet des objets et au bâtiment connecté. De plus, les exigences en matière de durabilité doivent désormais être intégrées dans chacun des processus liés au bâtiment et à l’exploitation, ceux-ci jouant un rôle prépondérant dans la réalisation des objectifs environnementaux. Ainsi, de nouvelles compétences devront être acquises par les professions du FM.

Photo de titre: Le «hard FM» couvre les services liés au cycle de vie des infra­structures, alors que le «soft FM» est lié à leur utilisation. L’un et l’autre doivent s’adapter à l’évolution constante du monde hospitalier. (Photo: CHUV)