Le bulletin présente en premier lieu les chiffres clés du recours aux services d’urgences. En 2022, 2,25 millions d’admissions ambulatoires ont été réalisées dans les services d’urgences des hôpitaux pour un taux de recours moyen de 248 admissions pour 1000 habitant·e·s. Selon le canton, le taux de recours varie entre 109 et 357 admissions pour 1000 habitant·e·s (taux standardisé).
Le recours aux urgences le plus élevé s’observe chez les moins de 25 ans et principalement chez les jeunes enfants de moins de cinq ans, mais aussi chez les plus âgé·e·s (86 ans et plus). Trois quarts des patient·e·s recensé·e·s ont été admis·es une seule fois dans un service d’urgence ambulatoire au cours de l’année (75,9%). La part d’utilisateurs·trices avec plusieurs admissions au cours de l’année est de 24,1%, en hausse depuis 2017 (21,7%).
Le bulletin de l’Obsan décrit également l’évolution du recours aux services d’urgence depuis 2017 et analyse les effets de la pandémie de COVID-19. Alors qu’entre 2017 et 2019, le taux de recours aux services d’urgence suit une tendance à la hausse (passant de 202 à 227 admissions pour 1000 habitant·e·s), ce taux diminue de 14% en 2020 et passe à 195 admissions pour 1000 habitant·e·s. Avec 209 admissions pour 1000 habitant·e·s, il se maintient à un niveau relativement bas en 2021.
En limitant drastiquement l’activité de l’ensemble de la société, la période de confinement a réduit fortement les risques d’accidents professionnels, de loisirs ou domestiques, ainsi que les contacts interpersonnels, diminuant ainsi la propagation de maladies transmissibles. Il est aussi possible qu’une partie des patient·e·s ait renoncé à se rendre aux urgences, en lien avec la recommandation de l’Office fédéral de la santé publique (OFSP) de toujours téléphoner avant d’aller chez la·le médecin ou aux urgences, ou par réticence à s’y rendre pour éviter de se faire contaminer.
Ce bulletin discute ensuite du potentiel de transfert des admissions en services d’urgence hospitaliers vers les cabinets médicaux. De manière générale, on observe que le taux de recours aux services d’urgence varie passablement entre les cantons. Ces écarts peuvent notamment être dus à des différences de structure de l’offre de soins de premier recours ou du côté des patient·e·s, à des différences concernant les besoins de soins et les comportements de recours aux soins.
La baisse du nombre d’admissions en 2020 est par ailleurs accompagnée d’une hausse de 7% du coût moyen, qui passe de 426 CHF en 2019 à 456 CHF en 2020. Cet indicateur est particulièrement pertinent pour évaluer la complexité moyenne d’une prise en charge et montre que la diminution des admissions est surtout liée à la baisse des cas moins coûteux.
Il est ainsi possible que, dans les cantons avec un taux de recours prépandémique plus élevé, les consultations pour motifs courants soient plus fréquentes. Dans les cabinets médicaux, le nombre de consultations en urgence ou pressante a également baissé en moyenne suisse en 2020. Toutefois une tendance inverse se dessine par rapport aux urgences hospitalières: les cantons ayant un fort recul des urgences hospitalières ont un recul plus faible des urgences en cabinets.
La situation en 2022 laisse envisager une reprise de la hausse du recours aux services d’urgences. Celle-ci n’est toutefois pas accompagnée d’une baisse du coût moyen, qui reste à 458 CHF par admission, soit 9% supérieur à son niveau de 2017. L’évolution combinée du nombre d’admissions (+31% par rapport à 2017) et du coût moyen engendre une situation exceptionnelle de forte hausse du coût total de la prise en charge en urgence en 2022, avec plus d’admissions et des prises en charge en moyenne plus compliquées qu’avant la pandémie.
L’année 2020 offre toutefois un cas d’étude intéressant et l’on peut envisager que, pour autant qu’une offre suffisante de médecine de premier recours en cabinet existe, il soit possible de mieux orienter les patient·e·s de façon à limiter le recours d’emblée aux services d’urgences des hôpitaux.
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