Le Chariot Magique®, distributeur de sourires

Avant de devenir infirmière, Mägi Galeuchet était droguiste. Elle a quitté son premier métier faute d’avoir assez de temps à consacrer à ses client·e·s. Malheureusement, le scénario s’est ensuite répété à l’hôpital: «J’étais frustrée, mais j’adorais mon métier. Il fallait que quelque chose change. C’est alors que l’idée du Chariot Magique m’est tombée dessus». Sans trop cogiter, la Neuchâteloise décore un chariot de soins avec des livres, des jouets, du matériel de bricolage et part rencontrer les enfants hospitalisés. Elle effectue ceci bénévolement, dans son temps libre.

«J’ai rapidement fait la connaissance d’une petite fille qui était très déstabilisée par l’hôpital, se souvient l’infirmière qui œuvrait à La Chaux-de-Fonds. Elle se renfermait sur elle-même. J’ai utilisé ma marionnette, un singe rose nommé Basir, pour communiquer avec elle. Et cela a fonctionné! Ses parents ont été très reconnaissants et ont contacté la presse.» Dès lors, le Chariot Magique® devient un organisme officiel, soutenu par l’hôpital. Aujourd’hui, l’association est présente dans onze services pédiatriques en Suisse romande ainsi qu’à Berne. Par année, plus de 2000 enfants sont accompagnés par une cinquantaine de professionnel·le·s.

Rituel thérapeutique pour les soignant·e·s

Mais avant de jouer, il faut être bien dans ses Crocs, rappelle l’experte: «On ne peut pas prendre soin des autres si on ne prend pas soin de soi-même.» C’est ainsi que la fondatrice de l’association a mis en place un rituel que chaque professionnel·le suit avant, durant et en fin de tournée. Elles et ils sont invité·e·s à faire le point sur leurs émotions pour ensuite être totalement disponibles avec les enfants afin de créer un espace privilégié de partage et d’écoute.

Car si le Chariot Magique® a souvent le don d’égayer les journées des enfants, il a également une visée thérapeutique. Après chaque passage, les bénévoles remplissent un rapport destiné à l’équipe de soin.

«Passer 20 à 30 minutes avec un·e patient·e est quelque chose de très précieux. Il est fréquent que l’on observe certaines choses ou que l’enfant nous confie des faits importants alors que nous jouons avec», souligne Mägi Galeuchet. La fondatrice de l’association en est convaincue: le jeu participe pleinement à la guérison. Forte de son expérience, elle a consacré un livre sur le sujet, Soigner l’enfant par le jeu, paru en 2018 aux Editions Favre.

Photo de titre: Mägi Galeuchet en companie d’un jeune patient, lors d’une tournée du Chariot Magique (Photo: Anne Godinat).