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18. août 2022

Focus Inflation

Point de vue de la SBK/ASI

Investir en temps de crise pour retenir le personnel infirmier

En temps de crise, il faut investir pour limiter l’exode du personnel infirmier et maintenir la qualité des soins, explique Louise Tido Kazé-Tchiegang.
Competence Marie-Claire Chamot

auteur

Marie-Claire Chamot

Rédactrice de Competence pour la Suisse romande et le Tessin

marie-claire.chamot@hplus.ch

De nombreux secteurs des hôpitaux sont touchés par la hausse des prix (énergie, matières premières, etc). Craignez-vous ou constatez-vous déjà un impact sur le personnel infirmier?

Les soins ont été très sollicités pendant la pandémie. La charge de travail élevée et une faible dotation en personnel ont conduit des infirmières et des infirmiers à quitter la profession ou à se tourner vers des modèles de travail flexibles. Pour retenir le reste des soignant·e·s, il faut une amélioration des conditions et des adaptations de travail. La hausse des prix des matières premières due à l’inflation n’est pas favorable: elle augmente la pression financière sur les hôpitaux, dont les prix ne sont pas élastiques. Cela protège les assuré·e·s mais la pression se fera sur les salaires des soignant·e·s et incitera à des départs. C’est pourquoi les cantons doivent investir.

Louise Tido Kazé-Tchiegang, Membre du comité central de l’Association suisse des infirmières et infirmiers (SBK/ASI), Berne, louise.tidokaze@sbk-asi.ch

L’inflation est-elle économiquement et politiquement favorable pour le renforcement des professions infirmières approuvé en votation populaire?

En temps de crise, le salaire assuré des infirmières et infirmiers est un gage d’attractivité. Outre la reconnaissance légale, l’implication systématique et le droit de codécision, la revalorisation de la profession infirmière dépend clairement de l’argent disponible pour les soins dans les hôpitaux. Une action asymétrique de l’État est aussi indiquée. Il s’agit de garantir la sécurité des soins par un personnel en nombre suffisant et bien formé. Pour que les hôpitaux ne répercutent pas la pression financière sur leur employé·e·s et qu’ils limitent leurs départs, les cantons doivent agir et investir dans le respect de l’article constitutionnel 117b sur les soins infirmiers. Outre la qualité des soins, cela garantira le pouvoir d’achat d’un grand groupe professionnel.

Quels sont les risques et les priorités?

Le risque le plus important est de perdre des infirmières et infirmiers, parfois très expert·e·s, en raison de la réduction des effectifs. Cela conduirait à un taux d’erreurs accru, à de longs délais d’attente, à des fermetures de lits et à un déni de soins voire à une mortalité élevée. Tout ceci alors que sévit une pandémie, avec des besoins élevés en soins. Outre l’offensive de formation, il faut chercher à retenir les infirmières et infirmiers grâce à des investissements. Les mesures permettant d’y parvenir sont connues – et il faut enfin passer de la victoire dans les urnes aux actes!

   

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