Nous travaillons avec le CERN (Laboratoire européen pour la physique des particules) depuis près de 3 ans sur ce projet. C’est lors d’un congrès qui s’était déroulé à Lausanne que l’on a pu se rencontrer, discuter ensemble. De là est née cette collaboration riche et porteuse de sens.
La radiothérapie Flash est une technique spéciale: la dose de rayonnements passe sur la zone ciblée en quelques millisecondes. Lorsque l’on souhaite traiter en profondeur en FLASH, il faut une puissance instantanée très forte pour y parvenir. La radiothérapie normale n’utilise pas une telle puissance. Obtenir cette puissance instantanée est un véritable challenge technologique: accélérer le plus de particules possibles en un temps le plus court possible. En tant que spécialistes de l’accélération des particules, les chercheuses et chercheurs du CERN étaient idéalement placés pour ce faire.
L’effet Flash est un phénomène biologique paradoxal qui a été mis en évidence il y a une dizaine d’années: l’irradiation délivrée dans des temps extrêmement courts épargne les tissus sains mais préserve le même effet sur la tumeur qu’une radiothérapie classique.
La difficulté, c’est qu’il faut pouvoir maitriser le faisceau puissant et rapide de cette technologie de pointe. C’est quelque chose de nouveau dans le domaine de la radiothérapie. Du côté des patients, des essais très préliminaires sur des cancers de la peau ont montré la bonne tolérance et la faisabilité de traitement Flash et montrent que ces traitements sont beaucoup plus courts que les traitements classiques. Cela peut à terme améliorer la qualité de la prise en charge des patient·e·s. On nourrit également l’espoir que les séances seront moins nombreuses, pour de meilleurs effets. En effet, la radiothérapie conventionnelle est délivrée en de nombreuses fractions , ce qui oblige le·a patient·e à se rendre très souvent à l’hôpital.
Pour les tumeurs cutanées, des études cliniques sont déjà en vigueur avec des premiers appareils Flash qui ne peuvent traiter que en superficie. Si ces dernières s’avèrent concluantes, on pourra l’utiliser en routine d’ici quelques années pour ces tumeurs de la peau. Pour les tumeurs profondes, cela prendra davantage de temps: nous allons devoir construire un prototype, l’utiliser dans le cadre d’essais cliniques puis, si le Flash fait ses preuves, le transférer ensuite en routine.
Oui, absolument. Lausanne va être le premier, mais, avec nos partenaires, il est déjà envisagé de dupliquer l’appareil dans deux ou trois hôpitaux d’Europe.
Le développement d’un tel outil avec des électrons est une spécificité de notre établissement, oui. D’autres développement Flash se font ailleurs dans le monde, mais avec des protons. C’est une autre problématique, les appareils sont très complexes, très lourds. Il nous semble que la mise au point du Flash avec des électrons est plus souple à mettre en oeuvre.
Il ne s’agit pas d’un avant-projet, c’est un projet parallèle. Flashknife est un appareil qui fait de la radiothérapie flash uniquement sur les tumeurs superficielles. Cette technologie est limitée à des tumeurs superficielles (typiquement de la peau) de moins de 2 centimètres d’épaisseur. On peut l’utiliser pour les tumeurs de la peau ainsi que pour la radiothérapie intra-opératoire, pendant les interventions chirurgicales.
À ce jour, on ignore pourquoi certaines tumeurs résistent à la radiothérapie mais aussi aux autres traitements contre le cancer.
Non. Il faut rester les pieds sur terre, le cancer est une maladie grave. Néanmoins améliorer de manière significative le taux de guérison est un objectif qui semble atteignable.
Photo de titre: Prototype (CHUV)