L’H-Ju crée une nouvelle filière pour traiter la sarcopénie

De quelle manière cette nouvelle filière pourra-telle mieux prendre en charge les patient·e·s?

Le but de la filière est de proposer un dépistage systématique à chaque patient·e qui vient dans le service, à l’aide d’un questionnaire. Cela nous permet de suspecter la présence d’une sarcopénie (ndlr: maladie liée à l’âge qui consiste en une perte de force et de masse musculaire, qui augmente le risque de chute, de fracture). Le cas échéant, les ergothérapeutes et les physiothérapeutes effectuent des mesures de la force et de la fonction musculaire. L’équipe de diététicien·ne·s réalise une analyse de la composition corporelle pour compléter le bilan.

Une fois le diagnostic retenu, les physiothérapeutes mettent en place un programme d’activités physiques adaptées et les diététicien·ne·s optimisent l’alimentation en informant et conseillant les patient·e·s sur les bonnes mesures à prendre.

Comment peut-on lutter contre la sarcopénie via son régime alimentaire?

La bonne nouvelle est que nous pouvons prévenir cette sarcopénie en veillant à un apport protéique suffisant ( 1.2 -1.5g de protéines / kilo de poids/jour) dans notre alimentation, tout en veillant à avoir un apport calorique suffisant. De même, cet apport protéique combiné à des exercices de renforcement musculaire contre gravité/résistance, 2x/semaine permet de reprendre de la masse et de la force musculaire progressivement, même chez les patient·e·s âgé·e·s ou chez celles et ceux qui ne sont pas habitué·e·s à faire de l’exercice physique.

L’alimentation a elle seule suffit-elle pour lutter contre cette pathologie? Ou est-il nécessaire de recourir à des compléments, voire à d’autres moyens plus invasifs?

L’alimentation équilibrée contenant suffisamment de protéines et de calories permet de lutter contre la sarcopénie si elle est combinée aussi à des exercices physiques de renforcement musculaire contre gravité ou résistance 2x/semaine. En cas d’inappétence ou de difficultés à manger la quantités de protéines requises, des compléments alimentaires existent (boissons lactées enrichies en protéines et calories, poudres riches en protéines) disponible en pharmacie et remboursées par la LAMal sur ordonnance. Ce sont les diététicien·ne·s qui évaluent la nécessité d’administrer ses compléments alimentaires. Par exemple, lorsqu’un·e patient·e souffre d’inappétence ou de dénutrition importante, nous lui administrons un supplément nutritif oral riche en calories et protéines, qui est donné comme un médicament, à 4 moments de la journée.

Comment l’hôpital peut-il «réapprendre à manger» aux patient·e·s souffrant de cette pathologie?

Lors de «l’atelier sarcopénie», mené par un·e diététicien·ne et un·e physiothérapeute, nous sensibilisons les patient·e·s quant à l’importance de conserver le mieux possible ses muscles pour favoriser l’autonomie et prévenir les chutes.

Nous mettons l’accent sur l’importance des protéines et leur enseignons les différentes sources protéinées possibles dans l’alimentation, en leur donnant des exemples de repas, des recettes.

Cette filière s’adresse-t-elle uniquement aux patient·e·s hospitalisé·e·s?

Actuellement, cette filière s’adresse uniquement aux patients hospitalisés dans le service de gériatrie. Certain·e·s patient·e·s sont néanmoins suivi·e·s en ambulatoire par nos diététicien·ne·s à la suite d’une hospitalisation. À l’avenir, nous avons comme projet de développer une consultation de gériatrie ambulatoire qui permettra de dépister et de prendre en charge la sarcopénie. Nous rendrons alors accessibles nos ateliers aux personnes âgées vivant à domicile.

Quels sont les signaux d’alerte indiquant qu’une personne âgée pourrait bénéficier d’une évaluation nutritionnelle pour prévenir la sarcopénie?

Toute personne de plus de 50 ans qui éprouve des difficultés pour lever et transporter 4.5 kilos, qui éprouve des difficultés de traverser une pièce ou de se lever d’une chaise, qui a des difficultés de monter 10 marches d’escalier ou/et qui est tombée sur la dernière année pourrait bénéficier d’une évaluation nutritionnelle.

Photo de titre: via Canva.com