Anlässlich der Medienkonferenz von Unimedsuisse 2024 - canva.com
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14. novembre 2024

Médecine universitaire sous pression

Unimed

Les soins hautement spécialisés ne doivent pas devenir un simple facteur de coûts

Les hôpitaux universitaires et les facultés de médecine sont l’épine dorsale indispensable à des soins de santé de grande qualité en Suisse. Ils forment en outre la prochaine génération de médecins et de personnel soignant. La situation financière des hôpitaux universitaires est extrêmement difficile et va s'aggraver, ce qui n'est pas sans conséquences pour la population.

Lors de la conférence de presse du 14 novembre 2024, des représentant∙e∙s des cinq hôpitaux universitaires et des facultés de médecine ont souligné le rôle central de leurs institutions en tant que piliers des soins de santé suisses ainsi qu’en tant que centres de recherche et instituts de formation. Ce rôle est actuellement soumis à une forte pression: dans les hôpitaux universitaires, les soins médicaux, l’innovation, la recherche et la durabilité sont pratiqués au plus haut niveau; mais sans perspectives financières stables, les soins hautement spécialisés risquent d’être réduits à un simple facteur de coûts.

Les hôpitaux universitaires sont notamment confrontés à d’importants investissements, d’une part dans des infrastructures numériques et architecturales tournées vers l’avenir et d’autre part dans l’adaptation des conditions de travail.

Non seulement l’infrastructure des bâtiments, mais aussi l’infrastructure numérique sont essentielles pour fournir efficacement des prestations de santé. C’est précisément ce que réclament différentes interventions aux niveaux cantonal et national. Ces investissements sont nécessaires, mais ils ne sont pas pris en compte dans les tarifs. La pression pèse donc sur les hôpitaux universitaires et, en fin de compte, sur le personnel.

Importance des hôpitaux universitaires dans la recherche et l’innovation

Par leurs activités de recherche, d’enseignement et d’innovation, les hôpitaux universitaires veillent à ce que les personnes malades puissent être aidées durablement et de mieux en mieux. En 2023, 1’142 groupes de recherche, qui se sont engagés dans plus de 2’500 études cliniques, ont été formés au sein des cinq hôpitaux universitaires. En outre, 103 brevets au total ont été déposés en 2023. Ce travail jette les bases de la médecine du futur.

Les hôpitaux universitaires et les facultés de médecine sont les principaux fournisseurs de données de recherche clinique sous forme numérique. Cette tâche à ne pas sous-estimer nécessite des ressources, notamment pour le développement de capacités dans l’infrastructure de données. Les hôpitaux universitaires et les facultés de médecine s’accordent à dire que le partage des données de recherche au niveau national est essentiel pour le développement de la recherche clinique et le programme Données de recherche ouvertes (ORD). À long terme, les données relatives à la santé et aux soins doivent être regroupées dans le dossier électronique du patient.

Sans la recherche menée dans nos institutions, il n’y aurait pas de progrès médical. La recherche doit rester attrayante. Nous y parvenons en définissant les bonnes conditions-cadres.

Antoine Geissbühler, doyen de la Faculté de médecine de l’Université de Genève et directeur de l’enseignement et de la recherche aux Hôpitaux universitaires de Genève (HUG)

Les hôpitaux universitaires sont des centres de formation importants pour les professions de santé

Les hôpitaux universitaires forment la prochaine génération de médecins et de personnel infirmier. En 2023, 964 diplômes de master en médecine ont été décernés dans les hôpitaux universitaires. Au cours des vingt prochaines années, les besoins en personnel médical continueront d’augmenter. Les hôpitaux universitaires contribueront grandement à la formation de ces spécialistes. De nombreuses spécialisations et formations continues sont principalement dispensées dans les hôpitaux universitaires. Il s’agit de maintenir l’attractivité des établissements de formation et de soutenir activement les hôpitaux universitaires dans leurs activités de formation initiale et continue.

En ce qui concerne la deuxième étape de la mise en œuvre de l’initiative sur les soins infirmiers, les hôpitaux universitaires constatent que le projet vise à renforcer la qualité et le développement des soins infirmiers, mais pour les hôpitaux, le financement soulève encore de grandes questions existentielles.

Soins: un financement durable doit être garanti de toute urgence

La situation financière des hôpitaux universitaires reste difficile. En 2023, tous les hôpitaux universitaires ont enregistré un résultat annuel négatif (2022: CHF 200 millions, 2023: CHF 210 millions). Cela s’explique par les coûts supplémentaires liés au renchérissement et aux salaires ainsi que par une situation tarifaire toujours tendue, qui ne permet pas de couvrir les coûts supplémentaires liés au renchérissement. Pour cette raison, les hôpitaux universitaires ont résilié à l’été 2023 les conventions tarifaires stationnaires avec les assureurs et ont pu négocier de meilleurs tarifs. La situation reste toutefois tendue et menace d’être encore aggravée sur le plan réglementaire, en particulier pour les hôpitaux universitaires. Les tarifs stationnaires doivent toutefois tenir compte de la structure de coûts spécifique des hôpitaux universitaires, faute de quoi le système de santé suisse commencera à s’éroder par le haut.

Dans le domaine ambulatoire, qui joue un rôle de plus en plus important, la situation est encore plus alarmante: les tarifs ne couvrent pas les coûts et n’ont pas été adaptés depuis vingt ans. Si les hôpitaux universitaires veulent répondre aux attentes de la population en matière de traitements ambulatoires et de réserves de capacité, une augmentation urgente des tarifs est nécessaire. C’est le seul moyen de garantir que le partenariat tarifaire ne soit pas vidé de son sens.

Perspectives: les hôpitaux universitaires dans dix ans

Dans dix ans, les hôpitaux universitaires auront réalisé une grande partie des investissements et seront financièrement stables. Ils veulent être des employeurs attrayants, continuer à former et à perfectionner du personnel spécialisé et être compétitifs à l’échelle internationale. En outre, ils souhaitent d’ici là mettre en œuvre de nouvelles approches et de nouveaux modèles de collaboration (notamment en ce qui concerne la transmission des données) dans la fourniture de prestations et la recherche. De même, de nouveaux modèles de soins et de travail seront nécessaires d’ici là.

Pour y parvenir, les hôpitaux universitaires ont besoin d’une tarification et d’un financement corrects de leurs prestations. Ils ont besoin de conditions-cadres adéquates pour pouvoir assumer leur mission centrale en matière de formation initiale et continue. Il faut notamment des stratégies hospitalières claires aux niveaux national et cantonal.

Werner Kübler, directeur de l’Hôpital universitaire de Bâle et président d’unimedsuisse

Photo de titre: via Canva.com

   

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