Un∙e patient∙e-partenaire est une personne qui apporte des connaissances issues de son expérience personnelle vis-à-vis de la maladie. Cela leur permet de contribuer avec des perspectives souvent négligées dans les milieux cliniques traditionnels, en veillant à ce que la voix des patient∙e∙s soit intégrée dans les processus de décision. Elles et ils collaborent avec les professionnel∙le∙s de la santé pour améliorer la planification, la mise en œuvre et l’évaluation des services et de la recherche.
Avant de devenir patient∙e∙s-partenaires, les individus passent généralement par un processus d’autonomisation et s’engagent pour les autres, souvent au sein de leur propre communauté de patient∙e∙s ou même d’autres communautés. Elles et ils peuvent aussi suivre des formations en communication, méthodes de recherche et compétences en santé, telles que la formation de Patient Expert de EUPATI CH, pour enrichir encore leur contribution.
Tout d’abord, il faut distinguer le terme général d’«intervention» et la participation active des patient∙e∙s dans les processus décisionnels. L’objectif est de collaborer et de favoriser l’échange de connaissances pour aboutir à une amélioration des soins, tant dans le domaine de la santé que dans la recherche. Les domaines où l’implication des patient∙e∙s pourrait encore être optimisée sont nombreux. Je pense notamment à la prise de décision en matière de thérapie, l’élaboration de plans de traitement, les mécanismes de retour d’expérience, les formations conjointes pour le personnel et les patient∙e∙s, ainsi que l’accessibilité à l’information.
Souvent, des idées prometteuses ne sont pas pleinement mises en œuvre par manque de structures adéquates et d’ouverture au changement de la part des décideurs. Prenons l’exemple du mécanisme de retour d’expérience: bien que tous les hôpitaux disposent de services pour recueillir les retours, combien prennent réellement contact avec celles et ceux qui le souhaitent?
Mon expérience vécue et mes échanges avec d’autres patient∙e∙s me permettent d’affirmer que cette boucle de retour d’information ne fonctionne pas et nuit à la confiance et à la réputation des établissements de soins.
Les hôpitaux doivent avant tout veiller à une bonne gestion de la qualité et à une communication transparente vers l’extérieur. Pour favoriser l’implication des patient∙e∙s, il est d’abord nécessaire de changer de mentalité, de créer les structures requises et de fournir les ressources nécessaires. Prenons un exemple: supposons qu’un hôpital élabore une nouvelle stratégie et souhaite inclure les patient∙e∙s. Dans l’état actuel, la stratégie est conçue d’abord en interne avant de solliciter les patient∙e∙s à la fin du projet. Ne serait-il pas préférable de les impliquer déjà en amont?
Si les établissements ne savent pas comment s’y prendre, ils peuvent s’inspirer du «Modèle de Montréal pour la participation des patient∙e∙s et du public» ou «Apprendre ensemble: un cadre d’évaluation de l’engagement des patients et du public (EPP) en recherche». Il est également utile de faire appel à des patient∙e∙s-partenaires expérimenté∙e∙s pour favoriser la communication, former de nouveaux partenaires, développer des mécanismes de retour d’expérience et organiser des formations.
Je citerais plusieurs aspects: amélioration de la satisfaction des patient∙e∙s, meilleure acceptation des traitements, adaptations individualisées, meilleure communication, détection précoce des problèmes, augmentation du succès des thérapies, développement de la confiance et retour d’expérience pour les améliorations.
Oui, absolument. Les patient∙e∙s doivent aussi changer leur façon de penser, développer une vision globale et passer du micro au méta-niveau. Je suis convaincue que pour obtenir du changement, il faut s’impliquer activement et ne pas se reposer sur les autres. La beauté de l’implication des patient∙e∙s et des proches réside dans le fait que chacun∙e peut participer selon ses moyens, que ce soit dans un rôle informatif, consultatif, collaboratif ou de direction. Mais ces rôles doivent être clairement définis au préalable.
Parmi les obstacles, on trouve le manque de connaissance sur les maladies et les options de traitement, le système de santé qui ne prévoit pas suffisamment de temps pour laisser un peu de place aux questions, une communication insuffisante et la crainte de l’autorité.
Un dicton qui me correspond bien est le suivant: «La nécessité est mère de l’invention». Face à ma situation, je transforme ce que j’ai vécu en quelque chose de positif pour aider les autres. Cette expérience m’enrichit et m’aide à surmonter mes propres défis. Ma motivation principale est mon instinct de survie, qui me donne la force de passer à l’action et de m’engager. Je sais que j’ai des connaissances que l’autre n’a peut-être pas, et cet écart peut être vital dans des situations critiques. C’est ce qui me pousse à aller de l’avant, plutôt que d’attendre que quelqu’un d’autre le fasse à ma place.
Swiss Patient Forum 2024 d’EUPATI Suisse
Cette année, le Swiss Patient Forum est placé sous la devise: «Patient·e·s prêt·e·s à intervenir: définir nos rôles à tous les niveaux».
L’intégration des patient·e·s dans les organes, les conseils consultatifs et les processus de décision du système de santé suisse – que ce soit dans la recherche clinique, les associations ou l’industrie – prend de plus en plus d’importance. Pour pouvoir assumer efficacement ce rôle, les patient·e·s ont besoin d’une formation et d’un soutien ciblés. Cette année, le Swiss Patient Forum se concentre précisément sur ces aspects. Jennifer Woods s’exprimera lors de la manifestation.
Samedi 16 novembre 2024, 13h454, Stad Wankdorf à Berne.
Inscription et informations via le site web d’Eupati
Photo de titre: via Canva.com