leader du jour GHOL Olivier Cochereau
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6. juin 2023

Leadership & Change management

Réorganisation au sein du GHOL

Leader du jour, entre autonomie et communication

Depuis 2019, les hôpitaux de Nyon et Rolle (GHOL) ont instauré une fonction de leader du jour, que chaque soignant·e occupe à tour de rôle. Le point avec Olivier Cochereau, directeur des soins.
Competence Muriel Chavaillaz

auteur

Muriel Chavaillaz

Journaliste de Competence pour la Suisse romande et le Tessin

muriel.chavaillaz@hplus.ch

Être leader? Chacun·e peut le devenir, Olivier Cochereau en est convaincu. En 2019, le directeur des soins du Groupement hospitalier de l’Ouest lémanique (GHOL) a ainsi mis en place un nouveau statut pour les membre du personnel soignant: «leader du jour». Le but de cette démarche novatrice? Permettre aux soignant·e·s d’être au maximum auprès de leurs patient·e·s en déléguant les tâches annexes à un·e seul·e membre de l’équipe, préservant ainsi toute leur concentration.

La·e leader a pour missions principales de coordonner les mouvements de la patientèle, de répartir le travail en fonction de l’activité et de faire l’intermédiaire avec les autres services de l’établissement.

«Lorsque la structure de l’hôpital a été réaménagée, nous en avons profité pour repenser l’organisation, explique Olivier Cochereau. L’activité hospitalière est de plus en plus lourde, tout va très vite et les mouvements s’accélèrent sans cesse. Pour que les infirmières·ers jouent leur rôle le plus possible et qu’elles et ils ne soient pas sans arrêt parasité·e·s, il était impératif qu’un·e membre de l’équipe sorte du jeu afin d’avoir une vision globale, de décharger les autres d’une certaine charge mentale.»

Une responsabilité accrue

Après un an de service, chaque infirmière·er diplômé·e peut occuper la fonction de «leader du jour». Cette personne portera un brassard bleu qui l’identifiera clairement. Elle se déplacera avec le téléphone principal du service. Le poste est occupé du lundi au vendredi, 12 heures par jour. «Le but est clairement de développer encore cette fonction, vivement plébiscitée par toutes les équipes, souligne Olivier Cochereau. Nous envisageons le 24/7, afin de rendre les teams totalement autonomes.»

Mis en place il y a quatre ans, les leaders du jour ont été adoptés par tous les services. «Nous ne l’avons jamais imposé, tout le monde se l’est approprié, sourit le directeur des soins. En oncologie, radiologie, physiothérapie… Nos 600 soignant·e·s plébiscitent toutes et tous ce mode de fonctionnement.»

Un stand-up deux fois par jour

Comme dans un match de football, l’un·e des soignant·e·s occupe ainsi le rôle de capitaine. Le temps d’une journée, cette personne décharge au mieux ses collègues en gérant les imprévus et les mouvements du service. Elle organise également deux fois par jour un «stand-up», une réunion de cinq minutes qui permet d’effectuer un «temps mort», de faire circuler les informations importantes, de répartir les tâches en fonction du déroulement de la journée.

Les employé·e·s de maison et les médecins participent également au stand-up, mais la·e leader du jour anime ce dernier et dresse cet arrêt sur image qui permet à chacun·e de se repositionner.

«Ce n’est pas facile pour tout le monde d’occuper ce rôle, de prendre la parole ainsi, observe Olivier Cochereau. Certain·e·s sont parfois un peu réfractaires, plus réservé·e·s ou timides. Mais c’est une manière pour elles et eux de développer de nouvelles compétences. Dans les hôpitaux, on reste souvent cloisonné. La fonction de leader du jour permet d’être en lien avec le bloc, les urgences, la réception… Les diverses professions apprennent ainsi à mieux se connaître, à avoir davantage de respect et de tolérance pour le travail de toutes et tous.»

Redonner du sens à son travail

À l’heure où les pénuries de personnel sont de plus en plus fréquentes, le GHOL se bat pour redonner du sens au métier infirmier. «Tout ce que l’on fait, c’est pour la·e patient·e, relève le directeur des soins. Cette manière de fonctionner permet de ne pas perdre cela de vue, de prendre du plaisir au travail. Selon moi, c’est un aspect essentiel.» Ces nouveaux modèles permettent aussi de diminuer les problématiques d’absences.

Olivier Cochereau esquisse déjà d’autres pistes d’amélioration: «Nos organisations doivent bouger, se moderniser. Penser que celle ou celui qui porte la blouse blanche prend toutes les décisions est complètement dépassé: les partenariats instaurés avec les patient·e·s lors de leur prise en charge sont capitaux et doivent être encore davantage développés.»

Photo de titre: Deux fois par jour, la·e leader organise un stand-up, une courte réunion de quelques minutes pour faire le point sur le déroulement de la journée (DR).