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15. août 2024

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SpiGes

H+ milite pour une réduction de la charge bureaucratique

Le projet SpiGes vise à simplifier la collecte et l’utilisation des données dans le domaine des séjours stationnaires. Déployé par l’OFS à partir du 1er janvier 2025, il remplacera l’actuelle statistique médicale et apportera avec lui son lot de nouveautés. Le point avec Florian Bossion, responsable technique de H+.
Competence Muriel Chavaillaz

auteur

Muriel Chavaillaz

Journaliste de Competence pour la Suisse romande et le Tessin

muriel.chavaillaz@hplus.ch

Quel est le but de SpiGes?

Le but du projet SpiGes (Séjours stationnaires en hôpitaux: Utilisation multiple des données), développé par l’OFS, est d’harmoniser les flux de données relatifs aux coûts et prestations stationnaires par la mise en œuvre d’un principe «Once only». Les hôpitaux ne transmettront ainsi leurs données qu’une seule fois, sur une seule et même plateforme. Sur le long terme, le but est de réduire la charge de travail des établissements en termes de préparation, de saisie et de transmission des données.

Florian Bossion, responsable technique Comptabilité et contrôle de gestion, H+.

Actuellement, les hôpitaux sont contraints de saisir les données sur de multiples plateformes…

Effectivement, c’est un travail très conséquent pour les institutions. On assiste à un véritable nœud bureaucratique. Cela coûte très cher, tant au niveau informatique et qu’en terme de personnel et cela peut également péjorer le travail des soignant·e·s sur le terrain. A notre sens, il y a urgence de réduire la bureaucratie qui pèse sur le système hospitalier en harmonisant ces flux de données, en se mettant d’accord sur une seule livraison, un seul format et un seul processus de plausibilisation.

Quelle est la position de H+ et de ses membres vis-à-vis de SpiGes?

H+ se prononce positivement, mais à plusieurs conditions. Il faut que l’objectif du nouveau processus soit clairement de réduire la charge de production et de transmission des données. Les utilisateurs·trices des données (stakeholder) comme les assureurs, les cantons, SwissDRG, l’ANQ, Monsieur Prix ou l’OFSP ne comprennent pas toujours ce point de vue. Mais pour produire une donnée, il ne suffit pas d’appuyer sur un bouton, loin de là: la charge de travail est conséquente. H+ se bat aussi pour qu’il y ait une égalité au niveau des informations disponibles dans le cadre des négociations tarifaires. Car actuellement, la situation est injuste: les assureurs ont une vue nationale, alors que les hôpitaux n’ont accès qu’à leurs propres données hospitalières.

SpiGes doit amener un accès égal à l’information entre les différents protagonistes des négociations, et nous nous battons pour que cet accès soit inscrit dans la loi.

Dans quel cadre SpiGes est-il élaboré?

Il s’agit du projet pilote du programme DigiSanté. Sur le court terme, comme chaque nouveauté, cela va induire des efforts supplémentaires pour les hôpitaux afin d’implémenter ce nouveau processus. H+ se bat pour simplifier au maximum ces changements. Dans le contexte actuel, où les financements des hôpitaux se réduisent, il est compréhensible que cette nouvelle exigence fasse grincer les dents, d’autant plus que le bénéfice de SpiGes n’est pas encore palpable. Cependant, nous estimons que si le projet poursuit les objectifs fixés, cela amènera une plus-value aux établissements en réduisant le travail bureaucratique. De plus, cela devrait également annihiler les accusations d’intransparence des données hospitalières. Car si, avec SpiGes, on n’atteint pas la transparence demandée par la loi, cela sera imputable au concept et non pas au travail fourni par les hôpitaux.

Pourtant, le financement des mesures exigées fait défaut.

Oui, c’est un grave problème. Pour l’instant, le Parlement fédéral ne rentre pas en matière concernant le financement des investissements nécessaires pour les hôpitaux afin qu’ils puissent appliquer SpiGes et tous les projets DigiSanté. De plus, les assureurs font tout leur possible pour bloquer l’augmentation des tarifs nécessaires aux hôpitaux pour, entre autres, mettre en œuvre ces projets.

Les hôpitaux sont obligés de fournir des efforts coûteux, alors que ces investissements ne sont pas couverts.

Il est toujours frustrant de constater que le monde politique et les partenaires tarifaires exigent sans prendre en compte le financement de leurs exigences tout en se permettant de se plaindre des coûts qui augmentent. L’augmentation des coûts n’est-elle pas aussi en partie due aux exigences croissantes de ces derniers? Ceux-ci ne se posent pas la question.

Photo de titre: via Canva.com

   

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