Des soins infirmiers forts: mise en oeuvre de l’initiative

L’ASI et le comité d’initiative ont réalisé un travail extraordinaire. Les soins infirmiers se sont mobilisés massivement. Une force politique s’est réveillée. La pandémie a donné de la visibilité à l’importance et à la complexité du travail infirmier. La sympathie et la reconnaissance de la population – qui existent de longue date – se sont amplifiées pour nous mener vers une victoire historique.

Reconnaissance tarifaire de l’activité des infirmières

Tous les éléments de l’initiative sont étroitement liés, la mise en oeuvre doit donc «être liée». Mais s’il faut un ordre de priorité, nous dirons qu’il faut d’abord traiter la question de la reconnaissance tarifaire des prestations infirmières. Dans tous les milieux de soins, cette reconnaissance est inexistante, incomplète ou insatisfaisante. Il nous semble impératif d’intégrer les infirmières dans les négociations, dans la définition et l’ajustement des systèmes tarifaires. Valoriser le travail infirmier, par ricochet l’éclosion des soins intégrés et l’interprofessionnalité, nous semble l’enjeu premier pour un système de santé fort.

Une responsabilité de la Confédération, des cantons et des institutions

Ensuite, le Conseil fédéral est responsable du développement de la qualité, de la sécurité et de l’économicité des prestations de soins. Nous pouvons donc nous attendre à ce que les stratégies en matière de qualité – c’est-à-dire des objectifs annuels et quadriennaux – intègrent les standards internationaux et des «best practices» existants (ex. Magnet, Pathway), les observations et les conclusions des expériences menées en Suisse (ex. Rn4Cast, MatchRN, STRAIN, CNHW). En d’autres termes, il s’agit d’instituer une Evidence Based Health Policy, qui réunit les conditions-cadres pour une mise en oeuvre systématique – et une vérification – des aractéristiques organisationnelles valorisant les soins infirmiers, et de toutes les conditions qui favorisent l’épanouissement des soignants, et leur permettent de soigner au plus haut niveau possible.

Sur un plan cantonal, les choses évoluent et certains cantons servent de référence. À titre d’exemple, le canton de Vaud est pionnier, tant par l’ajustement de la loi sur la santé publique (art. 124b), par le dispositif des IPS1, que par la création du poste d’infirmier·ère cantonal·e ou par ses programmes qui font la part belle aux développements et à l’exploitation de toute l’étendue des compétences infirmières. Ces initiatives témoignent d’une valorisation structurelle des soins infirmiers.

Au niveau des institutions, il semble impératif d’accélérer le passage d’une logique prédominante de coûts et de charges à une logique «value based care». Investir dans les soins infirmiers est un choix stratégique, le retour sur investissement est démontré. Il le sera encore davantage dans un environnement calibré «value based care». En attendant, on pourrait commencer par publier dans les rapports d’activité des institutions la dotation, le ratio infirmiers-patients et le niveau de formation des infirmières.  

Dr. Mario Desmedt
Directeur des soins