Panorama suisse des addictions 2024
Competence Readtime4 min
22. mars 2024

Panorama suisse des addictions 2024

Addictions: les jeunes sont plus vulnérables et pas assez protégé∙e∙s

La santé psychique des adolescent·e·s et des jeunes adultes s’est globalement détériorée, note le Panorma suisse des addictions 2024. Les filles et les jeunes femmes sont particulièrement touchées. La politique doit passer à la vitesse supérieure: il faut améliorer et intensifier la prévention et soutenir les jeunes.

Paraissant chaque année, le Panorama suisse des addictions présente les données épidémiologiques, résume les nouvelles connaissances scientifiques et expose les développements politiques. Il tisse des liens, dresse une analyse de situation complète et propose des pistes pour diminuer les problèmes en s’appuyant sur des mesures éprouvées et recommandées sur le plan international.

Consommation accrue de tabac et de nicotine

En 2024, Addiction Suisse met l’accent sur les dangers encourus par les jeunes. La santé psychique des adolescent·e·s et des jeunes adultes s’est globalement détériorée, et cette dégradation ne date pas seulement de la pandémie. Davantage de jeunes sont vulnérables et présentent ainsi un risque accru de consommer des substances psychoactives ou de se réfugier sur les réseaux sociaux. Addiction Suisse constate que les mesures en place actuellement ne suffisent pas pour les protéger. La politique doit passer à la vitesse supérieure: il faut améliorer et intensifier la prévention et soutenir les jeunes.

Selon les données de l’étude HBSC de 2022, la consommation de substances psychoactives reste importante chez les jeunes et s’est même accrue s’agissant des produits du tabac et de la nicotine. La consommation de cigarettes conventionnelles n’a pas reculé et un nouveau groupe d’utilisateurs·trices de la cigarette électronique et du snus a émergé. Les filles sont davantage concernées que les garçons.

La hausse de la consommation de cigarettes conventionnelles et d’alcool chez les jeunes de 13 ans est particulièrement préoccupante.

Renforcer la prévention sans attendre

Une prévention efficace met d’une part en place des mesures de régulation et agit sur les facteurs environnementaux, et, de l’autre, encourage les comportements favorables à la santé chez l’individu. Ces deux approches sont nécessaires pour prévenir et réduire la consommation de substances psychoactives et les usages problématiques chez les jeunes, souligne Addiction Suisse. Certains facteurs, comme la situation géopolitique mondiale, le changement climatique, la place occupée par les réseaux sociaux et la vie scolaire pèsent plus fortement sur un grand nombre de jeunes. Les mesures de prévention actuelles ne suffisent manifestement plus. La situation en matière de consommation de substances et de certaines pratiques problématiques ne s’améliore pas et reste préoccupante.

En priorité, Addiction Suisse exige les mesures suivantes:

Faire respecter les interdictions de vente: Les jeunes parviennent à se procurer de l’alcool dans les commerces et les restaurants malgré les dispositions en vigueur dans un peu moins de 30 % des cas. Sur Internet, les ventes illégales sont encore plus fréquentes. Il est temps que les interdictions soient enfin prises au sérieux.

Réduire la demande en limitant la publicité et en relevant les prix: Des études montrent qu’il n’est pas possible de protéger les jeunes sans agir sur la demande. Pour cela, il faut diminuer l’attrait des substances psychoactives (et des usages) qui peuvent engendrer une addiction, par exemple en restreignant plus fortement la publicité qui atteint les jeunes. La consommation de substances ne doit plus être la norme. Ce n’est pas pour rien que la dernière Session des jeunes a réclamé l’introduction du paquet de neutre pour les produits de la nicotine et de l’alcool ainsi que pour les stupéfiants. Il faudrait également adopter des prix minimaux, car le prix est un élément auquel les jeunes sont très sensibles.

Renforcer la prévention basée sur les preuves: La «sensibilisation à l’école» n’a guère pu démontrer un effet préventif et peut même être contre-productive suivant le thème abordé et l’âge. Il s’agit de promouvoir le financement de la prévention et d’investir désormais davantage dans des programmes de prévention dont l’efficacité a été démontrée

Renforcer l’intervention précoce (IP): Les données montrent une hausse du nombre de jeunes qui ne vont pas bien. Il faut donc consacrer plus de moyens au repérage et à l’intervention précoces à l’école ou durant l’apprentissage, dans le cadre du travail social et dans le domaine de la santé. Les longs délais d’attente pour consulter un·e psychologue peuvent avoir de lourdes conséquences.

Renforcer le travail éducatif et les ressources des jeunes: Les expériences et les hobbies, de même que les relations sociales dans le monde physique, renforcent les jeunes. Le sentiment d’efficacité personnelle et le fait de pouvoir compter sur les proches les aident par exemple à gérer le stress. Les parents jouent un rôle important pour accompagner et soutenir leurs enfants, mais pour cela, ils ont eux-mêmes besoin d’un plus grand soutien.

Photo de titre: via Canva.com

   

Suivez les actualités avec notre Newsletter.