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2. février 2024

Optimisation de la prise en charge

Angiologie et pédiatrie

«Smarter medicine» publie des listes d’interventions à éviter

L’association «smarter medicine – Choosing Wisely Switzerland», dont l’ASSM est membre, s’engage en faveur de l’optimisation de la prise en charge des patient∙e∙s. Elle encourage les sociétés de disciplines médicales à élaborer des listes Top 5 dans lesquelles elles définissent les interventions à éviter absolument et celles qui ne doivent être pratiquées que dans des cas bien précis.

Un nombre croissant de traitements dispensés et d’examens effectués nuisent plus aux patients qu’ils ne leur sont bénéfiques. smarter medicine a pour objectif que les mesures médicales ne soient appliquées que lorsqu’elles apportent réellement quelque chose. Pour y parvenir, l’association encourage la discussion et la recherche sur les traitements inutiles. De nombreux établissements et associations font partie de l’association (liste complète sur le site internet de smarter medicine).

Interventions inutiles: top 5 de la Société suisse d’angiologie

1) Ne pas utiliser de médicaments inhibiteurs des plaquettes sanguines tels que l’acide acétylsalicylique dans la prévention primaire des maladies cardiovasculaires

D’après les conclusions des études les plus récentes, l’aspirine ne devrait plus être recommandée à tous∙tes les patient∙e∙s dans le cadre de la prévention primaire, car le bénéfice en termes de réduction des futures maladies cardiovasculaires telles que les troubles de la circulation sanguine du cœur, du cerveau et des extrémités est faible. Après les mesures de prévention générale (activité physique, arrêt du tabac, traitement de l’hypertension et de l’hypercholestérolémie, etc.), dont les bénéfices sont évidents et les risques remarquablement faibles, une approche individuelle de la prescription d’aspirine est justifiée.

2) Pas de diagnostic par CT-scan ou IRM pour clarifier une maladie artérielle occlusive périphérique (MAOP)

La réalisation d’une tomographie assistée par ordinateur ou d’une IRM avec produit de contraste n’est pas indiquée comme première étape d’examen dans le diagnostic de symptômes pouvant indiquer une AOP, sauf dans des situations exceptionnelles.

Pour l’évaluation de l’aorte abdominale et de ses branches ainsi que des artères du bassin et des jambes, l’échographie duplex codée en couleur (FKDS) est la méthode diagnostique de premier choix, même si sa pertinence dépend de l’expertise de l’examinateur, de la qualité de l’appareil à ultrasons et des conditions individuelles de la∙du patient∙e.

3) Pas de revascularisation percutanée ou chirurgicale en cas de maladie artérielle périphérique chez les patient∙e∙s asymptomatiques

Les interventions vasculaires artérielles en cas de maladie artérielle périphérique servent à traiter les symptômes cliniques tels que la claudication intermittente, l’ischémie critique des extrémités, les troubles de la cicatrisation ainsi que les problèmes techniques après une opération vasculaire. Ils ne résolvent pas le problème fondamental de l’artériosclérose chronique progressive. Leur étendue doit constituer un compromis raisonnable, adapté au stade, entre les efforts, les risques et les résultats escomptés.

4) Ne pas rechercher de troubles de la coagulation chez les patient∙e∙s qui développent un premier épisode de thrombose veineuse profonde dont la cause est connue (provoquée)

Même en présence d’une pathologie de la coagulation, les tests de laboratoire visant à diagnostiquer un trouble de la coagulation ne modifient pas la nature et la durée d’un traitement de la thrombose veineuse, pour autant que celle-ci soit apparue comme un premier épisode dû à un facteur de provocation réversible ou irréversible connu. La thrombose veineuse profonde est une maladie très fréquente et les recherches d’anomalies congénitales ou acquises de la coagulation ont conduit à une multiplication des tests sans qu’aucun bénéfice n’ait été démontré.

5) Pas de drainage lymphatique manuel sans traitement décongestionnant supplémentaire avec mesures de compression conservatrices en cas de lymphœdème primaire et secondaire

L’utilisation du drainage lymphatique manuel seul, sans mesures de compression concomitantes telles que bandages ou bas, ne permet pas d’obtenir un dégonflement suffisant et un résultat durable. L’application combinée est associée à une efficacité nettement plus élevée, de sorte que la SSA recommande toujours l’application combinée en cas de lymphœdème.

Interventions à éviter: top 5 de Pédiatrie suisse

1) Ne pas réaliser de radiographies chez les enfants et les adolescent·e·s présentant une entorse de cheville avec un faible risque de fracture significative

Après une entorse de cheville, une radiographie n’est pas indiquée en cas de douleur isolée à la pression sur la portion distale de la fibula ou les ligaments latéraux dans la région distale de la face antérieure de l’axe articulaire du tibia selon la Low Risk Ankle Rule (LRAR). La majorité des entorses de cheville sont associées à une blessure des tissus mous ou à des fractures dont la guérison ne nécessite aucune intervention spécifique ni aucun suivi orthopédique.

2) Ne pas effectuer de sérologie Borrelia sans suspicion clinique de maladie de Lyme

La maladie de Lyme s’accompagne de symptômes aux spécificités diverses. L’érythème chronique migrant, la paralysie de nerfs crâniens, la méningite et la cardite comptent parmi les symptômes les plus spécifiques. Parmi les symptômes moins spécifiques, on note une fièvre, de la fatigue et des myalgies. Ces symptômes à eux seuls ne permettent pas de soupçonner une maladie de Lyme sur le plan clinique.

Plus la probabilité a priori d’un test diagnostique est faible, plus sa valeur prédictive positive est basse. Ceci vaut également pour la sérologie Borrelia en cas de symptômes non spécifiques : une sérologie positive serait dans ce cas plutôt en lien avec une infection antérieure, n’expliquant pas les symptômes actuels. Pour éviter de telles situations ambiguës et un traitement antimicrobien inutile et potentiellement néfaste, il convient de renoncer à la sérologie Borrelia en l’absence de suspicion clinique.

3) Ne pas proposer d’examens de routine pour les enfants ayant retrouvé leur état de conscience habituel après une convulsion fébrile simple

Ne pas effectuer d’examens sanguins, de neuro-imageries ou d’EEG de routine pour évaluer l’origine d’une convulsion fébrile simple chez les enfants de plus de 12 mois avec un schéma vaccinal complet et sans traitement antibiotique en cours qui sont revenus à leur état de conscience habituel.

4) Ne pas demander d’examens sanguins chez les enfants souffrant de pharyngite aiguë

La pharyngite (angine) est souvent d’origine virale (>95% des cas chez les enfants en bas âge, 70% chez les enfants en âge scolaire). Si un traitement antibactérien est envisagé, il convient de diagnostiquer une pharyngo-amygdalite bactérienne (S. pyogenes) sur le plan clinique et par un dépistage antigénique rapide positif au streptocoque. Les examens sanguins (p. ex. formule sanguine ou CRP) ne sont pas utiles pour distinguer les formes virales et bactériennes et ne sont ainsi pas nécessaires pour le diagnostic initial et le choix de l’antibiotique.

5) Ne pas réaliser de radiographies du thorax de façon routinière chez les enfants présentant une bronchiolite

Le diagnostic de bronchiolite et l’évaluation de la gravité reposent sur l’anamnèse et l’examen clinique. Une radiographie du thorax ne contribue en rien à l’amélioration du traitement.

Photo de titre: (de gauche à droite) Bernadette Häfliger Berger (SGAIM), Erika Ziltener (DVSP), André Bürki (svbg), Claudia Galli (Présidente svbg), Jean-Michel Gaspoz (SGAIM), Antoine Casabianca (acsi), Daniel Scheidegger (SAMW), Ivo Meli (SKS), crédit photo: smarter medicine.

   

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