L’«Initiative pour une médecine de qualité» (IQM) a été lancée en 2008 en Allemagne par des hôpitaux qui avaient constaté une différence dans la qualité de leurs prestations. Leur approche se fonde sur trois principes: l’évaluation de la qualité au moyen de données de routine, la publication des résultats afin de promouvoir la transparence et l’amélioration de la qualité grâce aux évaluations par des pairs (peers).
L’alliance a modifié la procédure en introduisant l’interprofessionnalité dans les évaluations par les pairs et l’a étendue à la psychiatrie en 2018. Jusqu’à présent, onze institutions psychiatriques y ont participé et sept reviews supplémentaires sont en préparation pour 2024.
En principe, les hôpitaux psychiatriques demandent spontanément la tenue d’un review mais H+ peut aussi en recommander un lorsqu’un indicateur se situe hors de la norme. Jusqu’à présent, les indicateurs pris en compte portent sur les mesures limitatives de liberté (MLL), les réadmissions, la polymédication, les suicides, respectivement les tentatives de suicide.
Sur la base des critères d’analyse fixés au préalable, dix séjours choisis au hasard sont étudiés rétrospectivement. Les critères d’analyse portent sur le déroulement de l’admission et de la sortie, l’évaluation, le diagnostic, le plan de traitement, la thérapie et la documentation.
Le plat de résistance lors du jour du review est le dialogue collégial interprofessionnel. Cette discussion se fonde sur les enseignements tirés de l’analyse indépendante des dossiers des patient·e·s. Cette dernière a été effectuée le matin même par les reviewers selon des critères identiques à ceux appliqués par leurs collègues de la clinique lors de leur propre évaluation. Les enseignements peuvent être discutés et des stratégies dégagées afin de renforcer les points forts de l’institution et d’étudier les potentiels qui permettront de relever au mieux les défis cliniques. À la fin de la journée, ces conclusions sont présentées à la direction de l’hôpital et consignées dans un rapport. Ce dernier est finalement transmis à la direction et à H+.
Les processus complexes, tels que ceux concernant les MLL, peuvent être décryptés avec une facilité étonnante, les différents éléments sont expliqués, des propositions de solution sont formulées et agrégées dans un consensus général. Grâce à la démarche, ces propositions sont très diverses et réalistes mais aussi très simples – par exemple, introduire à l’interne une terminologie standardisée pour les MLL. Un autre aspect a été abordé sur le même thème, soit renforcer l’équipe de nuit afin d’éviter un recours exagéré aux MLL.
De leur côté, les reviewers restent souvent en contact après la journée afin d’échanger sur des processus cliniques intéressants identifiés durant la discussion qui leur permettront de renforcer l’assurance qualité dans leur propre établissement. Les reviews interprofessionnels sont devenus un élément clé de l’assurance qualité dans les institutions psychiatriques en Suisse. Par rapport aux procédures connues, ils se distinguent par la démarche interinstitutionnelle et le dialogue collégial sur pied d’égalité. Cette manière de procéder permet de dégager, en un seul jour et de manière extrêmement efficace, des possibilités d’amélioration. Élaborées en concertation, elles sont aisément acceptées et peuvent être ainsi mises en œuvre rapidement et de manière durable.
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