Redonner du sens au métier d’infirmier·ère, fidéliser les employé·e·s et rendre leur quotidien plus attractif: alors que la pénurie de personnel est plus marquée que jamais, ces questions animent tous les établissements de soin. «À Delémont, la direction des soins travaille avec les cadres et la commission de développement des soins pour rendre visible des projets qualité favorisant l’autonomie des soignant·e·s et des thérapeutes. Les meilleures idées viennent du terrain, explique Catherine Citherlet, directrice des soins. Un modèle intéressant a été mis en œuvre dans les équipes des unités de gériatrie à Porrentruy, qui a clairement amélioré la collaboration pluridisciplinaire dans la prise en charge des patient·e·s. Chacun·e pouvait apporter son expertise.» Il a été décidé de s’en inspirer pour transposer le concept dans l’aigu.
Ce processus infirmier consiste à effectuer un recueil de données en posant des questions orales aux patient·e·s avant d’approfondir la réflexion en enchaînant avec un examen clinique physique (inspection, percussion, auscultation et palpation). «Les infirmières jouent clairement le rôle de pivot dans la prise en charge des personnes hospitalisées, constate Catherine Citherlet. Ce sont elles qui connaissent le mieux les patient·e·s, puisqu’elles sont à leur chevet H24. À l’H-JU, nous militons pour une meilleure reconnaissance de ce corps infirmier, sans pour autant marcher sur les plates-bandes des médecins.»
Effectuer une évaluation clinique est un rôle propre à l’infirmier.ère, il fait totalement partie de ses compétences.
Catherine Citherlet, directrice des soins
Si elle fait partie du cursus de formation HES, l’évaluation clinique n’est, dans les faits, que très peu pratiquée. «Le chiffre est effarant, mais plusieurs études ont démontré que, sur le terrain, on utilisait que la moitié des compétences acquises, relève Maureen Ory. Cela engendre des frustrations et des pertes de connaissances.» Avec ce projet, l’idée est de revaloriser cet aspect capital du métier. «La collaboration avec le corps médical est essentielle, note la spécialiste. Un climat de confiance doit être instauré. Par ce biais, on augmente la pertinence et la sécurité de nos soins.»
«Les premiers retours sont encourageants, sourit Maureen Ory. Les personnes hospitalisées se sentent plus en sécurité dès qu’on leur explique pour quelle raison une infirmière est munie d’un stéthoscope!» Dans les prochains mois, Maureen Ory mettra en place une formation spécifique, pierre angulaire de la stratégie jurassienne pour implémenter et réactiver cette compétence infirmière nécessaire.
Photo de titre: Maureen Ory effectue une évaluation clinique auprès d’une patiente dans les locaux de l’Hôpital du Jura (DR).