Quatre questions à Regine Sauter, nouvelle présidente de H+

Quels sont les principaux défis que doit surmonter le secteur de la santé selon vous?

La Suisse peut être fière de son système de santé, avec ses excellents soins de base, sa médecine hautement spécialisée à la pointe, ses remarquables offres de réadaptation et ses institutions de soins de longue durée de grande qualité. Mais cela se paie. Ce que nous considérons comme allant de soi en tant que patient·e·s est un fardeau pour les payeurs de primes que nous sommes également. La hausse des primes, on l’oublie souvent, reflète l’augmentation des coûts, en raison avant tout de l’extension constante des prestations. Pour le secteur, le défi consiste donc à toujours se demander si nous prodiguons les bonnes prestations dans la meilleure qualité et avec efficience, à tirer les conclusions qui s’imposent et à prendre des mesures. S’il est indispensable d’évaluer les prestations à l’aune de leur nécessité et de la qualité des résultats, c’est aussi en raison de la pénurie de main-d’œuvre dans les soins infirmiers comme parmi les médecins. Former davantage de personnel est sans aucun doute le maître mot aujourd’hui. Mais il est tout aussi important de faire en sorte que ces professionnel·le·s poursuivent ensuite avec conviction le métier qu’ils ont choisi.

Et qu’en est-il, concrètement, des hôpitaux et des cliniques?

Dans le prolongement de ce qui précède, il faut se demander si le paysage hospitalier suisse est conçu pour les prochaines décennies. Au vu justement de la pénurie de personnel qualifié et des structures de financement en vigueur, de nouvelles voies devront être empruntées de manière conséquente. En d’autres termes, il faudra de plus grands groupements d’hôpitaux, des coordinations suprarégionales et de nouveaux modèles de soins intégrés. Il n’est pas indispensable de tout faire partout: dans les régions, les urgences et les soins de base importent avant tout, alors que les spécialisations peuvent être encore plus concentrées. Il s’agit aussi de promouvoir activement l’essor de l’ambulatoire. À cette fin, le monde politique doit fixer les bonnes conditions-cadres, pour que les tarifs représentent les coûts effectifs et que les prestations ambulatoires soient financées de façon à éliminer les incitations inopportunes.

Quelle est votre vision pour H+?

Notre association doit être la voix déterminante lorsqu’il est question de définir les conditions-cadres du paysage hospitalier pour les prochaines décennies. Elle en a la compétence et la légitimité. Si les membres de H+ ont des besoins divers en raison, entre autres, de leurs orientations, de leurs mandats de prestations et de leurs statuts juridiques différents, ils se retrouvent derrière un objectif fondamental identique: offrir à la population du pays des soins de santé complets, modernes et de haute qualité. La force de H+ réside précisément en ce que l’association renforce ce réseau et met en valeur les prestations qu’il fournit.

En tant que présidente de H+, quelles seront vos priorités?

Nous devons enfin revoir la réglementation du financement des prestations ambulatoires et stationnaires. Le financement actuel entrave le transfert vers l’ambulatoire et introduit de très mauvaises incitations. Mon but affiché est aussi de contribuer à réunir les acteurs autour d’une nouvelle structure tarifaire pour le secteur ambulatoire. Il ne faut pas non plus oublier que H+ est aussi une association patronale. Il nous incombe donc de soutenir efficacement nos membres sur les questions de droit du travail et de politique professionnelle ainsi que dans le domaine de la formation initiale et continue – y compris contre les exigences irréalistes de syndicats auxquels il est notoire que peu de nos collaboratrices et collaborateurs sont affiliés.