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2. décembre 2025

Architecture hospitalière

Lausanne

Hôpital des Enfants: sous le ciel, la guérison

La toiture-terrasse du nouvel Hôpital des Enfants du CHUV est devenu un espace emblématique du lieu. Entre rééducation et jeux, cette vaste esplanade de 3000 m² illustre combien l’architecture participe au soin. Rencontre avec Jean-Baptiste Ferrari, architecte lausannois en charge du projet.
Competence Muriel Chavaillaz

auteur

Muriel Chavaillaz

Journaliste de Competence pour la Suisse romande et le Tessin

muriel.chavaillaz@hplus.ch

Pour Jean-Baptiste Ferrari, associé et fondateur du bureau Ferrari Architectes à Lausanne, un hôpital doit avant tout être un lieu accueillant et vivant. Son équipe, en collaboration avec le bureau GMP Architekten, a conçu le nouvel Hôpital des Enfants du CHUV, un projet emblématique qui allie technicité et humanité. «Nous travaillons beaucoup sur les bâtiments publics, les écoles ou les institutions, explique-t-il. Mais ici, il s’agissait d’un défi particulier: créer un environnement de soins pensé pour les enfants et leurs familles.» Un hôpital pédiatrique impose en effet d’autres dimensions.

Les enfants ont besoin de plus d’espace, de couleurs, de douceur. Les ratios de surface sont plus élevés que dans un hôpital d’adultes, car chaque détail compte: la lumière, les circulations, les zones de jeu.

Jean-Baptiste Ferrari, associé et fondateur du bureau Ferrari Architectes
Jean-Baptiste Ferrari, associé et fondateur du bureau Ferrari Architectes à Lausanne (DR).

Une idée née d’un parti architectural

Parmi les atouts majeurs du nouveau bâtiment, la toiture terrasse attire tous les regards. Pourtant, elle n’était pas prévue à l’origine. «Ce n’était pas une demande d’origine, confie l’architecte. Elle est née de notre choix de dégager la vue depuis la maternité voisine et de déployer l’Hôpital des Enfants sur la station de métro. En plaçant le bâtiment ainsi, nous avons créé un long plateau… et donc un toit!» Ce qui devait être un simple espace dégagé s’est ainsi mué en lieu de vie, rapidement adopté par les équipes et les patient·es. «C’est un peu un bonus du projet, sourit-il. Mais c’est surtout devenu une vraie richesse.»

Un espace de liberté et de thérapie

S’étendant sur plus de 3000 m², la terrasse accueille désormais une multitude d’usages: parcours de physiothérapie, zones de jeux, coins de détente et même un prolongement de la cafétéria. «La principale vocation de cet espace, c’est la physiothérapie et les jeux pour les enfants, précise Jean-Baptiste Ferrari. C’est un espace thérapeutique à ciel ouvert, qui permet aux jeunes patient·e·s de bouger, de respirer, de se réapproprier leur corps.»

Dans l’ensemble, le projet a été élaboré avec 18 groupes d’utilisateurs et d’utilisatrices: médecins, soignant·e·s, personnel administratif, etc. «La collaboration s’est extrêmement bien passée. On a toujours trouvé des solutions où tout le monde était satisfait», souligne-t-il.

Tout le monde est séduit par cette terrasse innovante, se réjouit Jean-Baptiste Ferrari. (crédit photo: Reto Duriet Photography – Ferrari Architectes)

Depuis l’ouverture de l’Hôpital des Enfants, le 14 mai dernier, les retours sont unanimes: «Tout le monde est séduit par ce lieu, s’amuse Jean-Baptiste Ferrari. Les familles adorent cette terrasse. Chaque fois qu’il y a un événement ou une photo à faire, c’est là que ça se passe.»

Au-delà de sa fonction thérapeutique, la terrasse remplit aussi un rôle technique essentiel. «Elle est percée de deux grands patios qui amènent la lumière dans les niveaux inférieurs, jusqu’au bloc opératoire, explique l’architecte. Cette ouverture sur l’extérieur, qui évite l’utilisation massive de luminaires, contribue à rendre tout le bâtiment plus apaisant.»

Côté sécurité, Ferrari Architectes a pris les devants: «Nous avons volontairement créé des gardes-corps plus hauts que la norme. Il fallait que chacun·e s’y sente parfaitement en confiance.»

Un projet tourné vers l’avenir

Comme le rappelle Jean-Baptiste Ferrari, la construction d’un hôpital s’inscrit dans la durée: entre le concours et l’inauguration, onze ans se sont écoulés. «Quand on conçoit un bâtiment de ce type, il faut prévoir l’avenir, insiste l’architecte. Un hôpital est conçu pour durer au moins trente ans; il doit donc pouvoir évoluer, s’adapter et se réinventer au fil du temps.»

La terrasse est un espace ouvert, lumineux, accessible à toutes et tous (crédit photo: Reto Duriet
Photography – Ferrari Architectes).

Cette réflexion sur la flexibilité rejoint la dimension humaine du projet. «Aujourd’hui, les parents peuvent accompagner leur enfant jusqu’au bloc opératoire, ce qui était impensable auparavant», rappelle-t-il. «Cela découle de la Charte européenne des droits de l’enfant, qui intègre les familles dans le soin.»

Un toit qui relie l’hôpital à la ville

La toiture-terrasse prolonge aussi l’esprit du lieu: avant la construction, le site était une colline arborée, très fréquentée par le personnel et les patient·e·s du CHUV. «La terrasse est en quelque sorte une restitution symbolique, dit Jean-Baptiste Ferrari. Un espace ouvert, lumineux, accessible à toutes et tous.» Desservie par plusieurs accès, elle relie symboliquement l’hôpital à la ville et invite à lever les yeux. «Chaque bâtiment est une nouvelle histoire, une aventure à écrire avec ses usagers et usagères», conclut l’architecte lausannois. Celle du nouvel Hôpital des Enfants s’écrit à ciel ouvert: entre architecture, lumière et guérison.

Photo de titre: la toiture-terrasse est aussi un lieu de détente apprécié. (crédit photo: Reto Duriet Photography – Ferrari Architectes)

   

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