La radiologie du Centre hospitalier universitaire vaudois (CHUV) s’apprête à vivre une révolution. Installée depuis des années dans l’un des étages inférieurs, une partie des activités ambulatoires (scanner, IRM et échographie) sera bientôt relocalisée au cœur du bâtiment principal de la cité hospitalière, dans un espace totalement repensé. L’objectif? Offrir un cadre lumineux, agréable, conçu pour les patient·e·s comme pour les professionnel·le·s de santé.
D’une surface de 1400 m², le chantier marque la première étape d’un vaste programme de rénovation de l’étage principal de l’hôpital. Lancé en 2020, il s’achèvera à l’automne 2025. En ligne de mire: dessiner un nouveau modèle hospitalier alliant performance médicale, qualité architecturale et responsabilité environnementale.
Ce qui distingue ce projet d’autres rénovations hospitalières, c’est la place donnée aux matériaux naturels et au réemploi. Bois, liège, chanvre, terre crue, enduits à la chaux … autant d’éléments choisis pour leurs propriétés écologiques, mais aussi pour leur potentiel esthétique et sensoriel. Le béton de chanvre, par exemple, issu de plantes locales qui absorbent du CO₂ durant leur croissance, a été utilisé pour ses qualités thermiques et environnementales.
Dans les cabines de radiologie, c’est un enduit à base de chaux et de poudre minérale, appelé pastellone, qui a été retenu: à la fois résistant, hygiénique et agréable au toucher, il incarne ce soin du détail et cette volonté d’ouvrir l’hôpital à des textures plus vivantes.
À la réception, un sol en terrazzo, une technique inspirée des savoir-faire romains, a été sélectionné. Il nécessite peu de ciment, réduisant ainsi son empreinte carbone. Plusieurs éléments ont été réemployés: des portes de l’ancienne bibliothèque de médecine, des luminaires datant de plus de 40 ans dont seuls les tubes ont été remplacés par des LED.
Le projet mise également sur des solutions techniques simples, robustes et pensées pour durer. L’absence de faux plafonds, par exemple, permet un meilleur accès aux installations, simplifie les opérations de maintenance et renforce la sécurité incendie. Une stratégie qui allège la charge sur les équipes techniques tout en minimisant l’impact sur les soins.
Dans un hôpital comme le CHUV, où plusieurs centaines de chantiers coexistent chaque année, cette réalisation a exigé une coordination poussée entre services techniques, médicaux, logistiques et usager·ère·s. Une approche transversale, qui a permis à chacun·e de dépasser ses habitudes pour co-construire un environnement de soins plus harmonieux.
Au-delà des performances écologiques ou techniques, le chantier vise à repenser l’esthétique hospitalière. Adieu les couloirs froids et linéaires: les formes sont arrondies, les matériaux chauds, les cheminements intuitifs. L’ambition? Offrir un environnement plus apaisant, qui favorise la sérénité et l’accueil.
L’architecture, ici, cherche à réconcilier technicité et sensibilité. Elle valorise la main de l’artisan, les matériaux bruts, et anticipe les besoins des personnes vulnérables, en particulier les personnes âgées ou en situation de handicap.
Cette rénovation marque un tournant dans la manière de penser les espaces de santé au CHUV. Elle montre qu’il est possible d’intégrer des matériaux non conventionnels, de privilégier la lumière et le confort, tout en respectant les standards médicaux les plus exigeants.
Les retours des usager·ère·s (patient·e·s, soignant·e·s, personnel technique) seront précieux pour affiner la suite du programme. Mais cette première réalisation servira de référence pour les futures étapes de la rénovation de l’hôpital. Elle témoigne d’un changement de cap: celui d’un hôpital qui s’ouvre à d’autres manières de construire, de soigner et de vivre ensemble.
Crédit photo: Alicia Voumard