Avec un grand sourire et une bienveillance communicative, Christophe Andrié nous accueille dans le hall de l’hôpital de Pourtalès. Responsable du groupe d’intervention en entreprise (GIE) et chargé de la sécurité et de la sûreté du RHNe, il nous entraîne le temps de quelques heures dans les coulisses de l’établissement pour nous présenter la filière des déchets hospitaliers. Un domaine dont il connaît tous les secrets, après bientôt 10 ans passés au sein du RHNe. Avant cela, il exerçait son métier à la raffinerie de Cressier. «Dans cette entreprise, la machine était au centre de toutes les préoccupations, se rappelle-t-il, alors qu’ici, ce qui me plaît, c’est que l’humain passe avant tout.»
Direction le deuxième étage, en chirurgie générale. «J’aurais pu tout aussi bien vous emmener en pédiatrie ou aux urgences, car tous les services de soins produisent des déchets médicaux et les gèrent de la même manière», explique Christophe Andrié. Pour des raisons de coûts et de sécurité, ces déchets suivent une filière stricte, bien distincte des déchets urbains traditionnels.
Des locaux de tri sont présents à chaque étage, équipés de bacs et de chariots, afin d’éviter aux soignant·e·s de multiplier les déplacements. L’intendance passe deux fois par jour pour vider ces espaces. «Tout ce qui est piquant et/ou tranchant est disposé dans des boîtes en plastique, tandis que les compresses et pansements sont jetés dans des sacs», précise-t-il.
Quant aux déchets issus des traitements oncologiques, ils sont placés dans la filière bleue. «Ces médicaments peuvent être dangereux pour les personnes non malades, ils doivent être manipulés avec une extrême précaution.» Certaines catégories de déchets demandent un traitement encore plus spécifique. C’est le cas des déchets nucléaires sur le site de La Chaux-de-Fonds ou encore des déchets anatomiques, qui doivent être congelés avant d’être récupérés par les pompes funèbres pour une incinération, comme l’exige la loi.
Au rez-de-chaussée de l’hôpital de Pourtalès se trouve le centre des déchets, où tout est rassemblé avant d’être revalorisé ou expédié. «Nous récupérons les déchets des centres de Couvet et Landeyeux, tandis que le site de La Chaux-de-Fonds traite ceux du Locle et de la Chrysalide», précise Christophe Andrié. D’immenses bennes y sont entreposées, toujours fermées pour des raisons de sécurité. «Contrairement aux déchets urbains, nous ne pouvons pas les compacter, cela comporterait trop de risques», ajoute-t-il.
Si le coût du transport a augmenté, le prix au poids des déchets reste stable. Cependant, Christophe Andrié et son équipe surveillent de près les volumes expédiés et organisent régulièrement des campagnes de sensibilisation auprès des équipes médicales. «Un simple morceau de carton ou un journal qui finit dans une filière jaune ou bleue, et la facture grimpe», prévient-il. Ce qu’il préfère dans son métier? Le contact humain. Et cela se voit: tout au long de notre visite, chaque employé·e croisé·e en chemin ne manque pas de lui adresser un sourire. «Je n’aime pas faire la police, dit-il en riant. Je préfère expliquer aux gens ce qu’ils ont à gagner en triant correctement leurs déchets.» Une mission de l’ombre essentielle pour la sécurité et l’efficacité de l’hôpital.
Crédit photos: Alicia Voumard