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23. novembre 2021

Focus Facteur humain

Patient partenaire

Intégrer l’expérience de la vie avec la maladie

L’avis du patient est un facteur humain par excellence. Le «partenariat patient» l’intègre jusque dans l’organisation des soins.
Competence Stéphane Coendoz

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auteur

Stéphane Coendoz

Patient partenaire de plusieurs organismes et projets, président de l’Association suisse romande d’éducation thérapeutique du patient (ASrETP), Martigny

stephane@coendoz.ch

En Suisse, encore peu d’usagers des structures hospitalières sont sollicités pour partager leur vécu. L’Hôpital Riviera-Chablais (HRC) a passé cette étape en 2017 en m’accueillant comme patient partenaire au sein du comité Sécurité des patients et qualité clinique des soins (SPQC).

Le patient ou la patiente est associé·e à la prise de décision, reconnu·e pour ses savoirs expérientiels, membre de l’équipe de soins et en mesure de développer des compétences de soins, tout ceci autour de son projet de vie. (Photo: H+ archives)

Basé sur le modèle de Montréal, le partenariat patient intègre les patient·e·s comme experts de la vie avec la maladie, en complémentarité avec les professionnel·le·s de la santé, qui sont experts de la maladie. Ainsi, le patient ou la patiente est associé·e à la prise de décision, reconnu·e pour ses savoirs expérientiels, membre de l’équipe de soins et en mesure de développer des compétences de soins, tout ceci autour de son projet de vie.

Décision partagée

Cette approche se décline en trois niveaux et quatre champs d’implication. Le premier niveau se situe dans les soins directs qui lui sont prodigués. Son implication va de l’information reçue du personnel soignant à la prise de décision partagée. Dans les faits, le personnel soignant sait ce qui est bien pour le patient ou la patiente et le valide auprès de lui et/ou de ses proches.

Co-construction d’itinéraires cliniques

Le deuxième niveau porte sur la qualité et l’organisation des services. Il est demandé alors au patient ou à la patiente d’avoir une vision méta de sa maladie. Cela demande un accompagnement, qui permet le cas échéant de désamorcer la colère, la rancœur ou l’amertume face à des soins vécus comme difficiles. L’implication du patient ou de la patiente va alors de l’avis sur la documentation à la co-construction d’itinéraires cliniques, de programmes de soins, de services ou de démarches d’amélioration. C’est ce dernier point qui a été mis en place à l’HRC. Dans les faits, les membres de la direction, les médecins-chefs et les cadres soignants savent ce qui est bien pour le patient ou la patiente et mettent en place les conditions cadres afin que tous les collaborateurs et collaboratrices cherchent à savoir ce qui est bien pour le patient et le valident auprès de lui et/ou de ses proches.

Le patient ou la patiente partenaire·est invité·e à offrir son expertise auprès de centres d’information, à siéger dans des groupes de discussion, à émettre des recommandations.

Politiques de la santé

Enfin, le dernier niveau se situe sur le plan des politiques de la santé. Le patient ou la patiente partenaire·est invité·e à offrir son expertise auprès de centres d’information, à siéger dans des groupes de discussion, à émettre des recommandations.

Un partenariat concret

Christian Baralon, coordinateur sécurité des patients à l’HRC, a assuré un soutien précieux auprès du patient partenaire, qui a ainsi participé à toutes les séances du comité SPQC, acculturé les chefferies de services au modèle de Montréal, apporté son expérience dans la rédaction de la directive sur les annonces d’un événement indésirable, révisé le flyer d’information ERAS destiné au patient, apporté un regard dans la formation TeamSTEPPS, et soutenu la démarche «Qu’est-ce qui est important pour vous». L’engagement d’un·e patient·e partenaire nécessite un processus identique à celui d’un collaborateur ou d’une collaboratrice: c’est-à-dire identifier le besoin, définir des objectifs et le profil recherché, le mode de rémunération puis lancer le recrutement et, enfin, assurer son accueil.