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7. mai 2024

Pénurie de personnel qualifié

Interview

Reconversion professionnelle: «Sans les subventions, je n’aurais pas pu concrétiser ce souhait»

La formation en soins infirmiers ES devient plus attractive pour les reconversions. Le canton de Berne accorde des subventions depuis 2023 aux personnes de plus de 27 ans qui souhaitent suivre la formation en soins infirmiers ES par le biais de la reconversion professionnelle.
Competence Sarah Fogal

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Sarah Fogal

Redaktionelle Koordination Competence

sarah.fogal@hplus.ch

En mars 2024, une nouvelle session a commencé au Centre de formation en soins de Berne. Celles et ceux qui optent pour une formation dans le domaine des soins reçoivent ainsi une allocation mensuelle de 3 500 francs suisses pendant la durée de leurs études. Parmi les nouveaux∙elles étudiant∙e∙s se trouve Thomas Lengweiler, 51 ans, qui a opté pour une reconversion, notamment parce qu’il bénéficie d’une subvention. Nous avons pu lui poser quelques questions sur cette nouvelle orientation donnée à sa carrière professionnelle.

Vous avez commencé en mars une reconversion en tant que nouvel arrivant dans la formation en soins infirmiers ES (Ecole Supérieure). Qu’est-ce qui vous a poussé à franchir le cap?

Le désir de changement professionnel a été le facteur déterminant. J’ai travaillé longtemps dans le secteur de la publicité. À un moment donné, je me suis posé des questions sur le sens de ma vie professionnelle. J’ai réalisé que, dans la troisième phase de ma carrière, je voulais m’occuper davantage des personnes et moins du chiffre d’affaires. Le métier de soignant était depuis longtemps une option pour moi, car j’ai déjà travaillé dans une maison de retraite lorsque j’étais adolescent. J’ai alors pu constater que j’avais un penchant pour le travail avec les personnes âgées. Plus tard, j’ai suivi une formation de secouriste dans l’armée.

Lorsqu’une collègue, travaillant dans le domaine des soins, m’a parlé des subventions, je n’ai pas hésité longtemps et me suis inscrit à la formation.

Quel a été  votre parcours professionnel jusqu’à présent?

Après l’école, j’ai suivi une formation de dessinateur en génie civil. Plus tard, j’ai suivi un cours préparatoire à l’école d’arts appliqués, puis j’ai effectué un apprentissage de quatre ans en tant que graphiste. J’ai exercé cette profession dans diverses entreprises, notamment pendant douze ans dans une société de cartes de vœux. Ces trois dernières années, j’ai été directeur artistique dans une agence de publicité.

Auriez-vous pu suivre la formation en soins infirmiers sans la subvention accordée par le canton de Berne?

Disons que sans les subventions, il aurait été beaucoup plus difficile de concrétiser ce souhait dans la réalité. Je suis père de deux enfants, j’ai des responsabilités. Ma compagne est chanteuse professionnelle indépendante. Les subventions nous aident à assurer notre subsistance.

Sans cette aide financière, nous aurions probablement dû contracter un prêt pour joindre les deux bouts. Je pense que je n’aurais pas entrepris la formation en soins infirmiers dans ces circonstances.

Quelle a été votre principale motivation pour choisir le métier de soignant∙e?

Je trouve ce métier extrêmement gratifiant. En aidant les personnes qui ont besoin de soutien, je peux contribuer à rendre leur vie plus agréable. De plus, à 51 ans, je peux redémarrer professionnellement une nouvelle vie et avoir de très bonnes perspectives d’emploi à l’avenir, ce qui n’est pas négligeable.

Quels sont vos objectifs professionnels?

L’année dernière, lors d’un stage dans une maison de retraite et de soins, j’ai de nouveau constaté que ce domaine me correspondait parfaitement. Je souhaite donc m’engager à long terme dans les soins de longue durée. Mon objectif est de travailler au sein d’une équipe motivée et de répondre aux besoins de chaque résident∙e. Cela peut sembler ambitieux, mais dans le secteur de la publicité, j’ai heureusement acquis une certaine résistance au stress qui devrait être précieuse pour le travail de soignant∙e.

Vous êtes maintenant en première année de formation. Qu’est-ce qui vous réjouit le plus?

Je trouve le mix entre théorie et pratique intéressant. Cependant, il est indéniable que j’attends avec impatience de travailler concrètement avec les patient∙e∙s. Tout au long de la formation, les cours théoriques et les stages pratiques se succèdent, chacun d’une durée de six mois. Cela rend les choses pertinentes.

Tous les cantons ne subventionnent pas les professionnel∙le∙s de la santé en reconversion. Selon vous, les autres cantons devraient-ils suivre l’ exemple de Berne?

Oui, absolument. À mon avis, les cantons devraient coordonner leurs pratiques afin que les professionnel∙le∙s en reconversion aient les mêmes chances dans toute la Suisse.

Pensez-vous que les subventions sont une bonne mesure pour atténuer la pénurie de soignant∙e∙s?

Je le pense. Dans le canton de Berne, le nombre de places d’études pour les professionnel∙le∙s en reconversion a été augmenté, car il semble y avoir une demande importante. Pour ma part, la subvention a été le coup de pouce décisif pour oser la reconversion.

Photo de titre: Thomas Lengweiler, futur infirmier diplômé ES (zvg/BZ Pflege)