GHOL
Competence Readtime4 min
2. avril 2024

Focus

Interview

Etienne Caloz: «Travailler avec les indicateurs est une nécessité»

Etienne Caloz, directeur du Groupement hospitalier de l’ouest lémanique (GHOL), partage sa vision sur le pilotage basé sur des faits. À Nyon comme ailleurs, cette méthodologie gestionnaire a déjà fait ses preuves.
Competence Muriel Chavaillaz

auteur

Muriel Chavaillaz

Journaliste de Competence pour la Suisse romande et le Tessin

muriel.chavaillaz@hplus.ch

Quel regard portez-vous sur le pilotage des établissements hospitaliers basé sur les indicateurs?

Le Groupement hospitalier de l’ouest lémanique (GHOL) a encore du travail à faire dans ce domaine. L’hôpital enregistre depuis des années énormément de données, mais ces dernières ne sont pas forcément bien définies et cohérentes au fil des ans. L’absentéisme, par exemple, a été comptabilisé de trois manières différentes à travers le temps, rendant les interprétations hasardeuses. De manière générale, dans le domaine hospitalier, il manque des définitions claires et communément admises par toutes et tous, qui nous permettraient d’établir des comparaisons significatives.

Pour Etienne Caloz, directeur du GHOL, les indicateurs sont essentiels pour un hôpital, comme pour n’importe quelle entreprise (crédit photo: GHOL).

À l’avenir, souhaitez-vous développer ces processus?

Oui, complètement. C’est d’ailleurs également le souhait du conseil d’administration qui demande que l’on définisse une base d’indicateurs et d’objectifs. Tout ne se réduit pas à des chiffres, mais si on ne mesure rien, on ne s’améliore pas. Jusqu’à récemment, on manquait par exemple d’un indicateur pour mesurer la satisfaction des employé·e·s. Notre hôpital est généreux avec les collaborateurs·trices, mais on ignorait si nos largesses répondaient aux attentes des employé·e·s. Partant de ce constat, nous avons mis en place une enquête pour déterminer cela.

Cette année, l’une de nos grandes actions vise à améliorer les conditions de travail de façon ciblée, en nous basant sur les informations obtenues.

Les horaires ou les planifications par exemple, sont des critères précieux pour les collaborateurs·trices que l’on ne voit que de façon très diffuse si l’on se concentre uniquement sur le taux de rotation des employé·e·s, pour ne citer qu’un indicateur.

D’un point de vue qualité, les indicateurs sont également essentiels.

Sans aucun doute. Concernant les soins, certains sont codifiés par l’ANQ. Cela va de la satisfaction des patient·e·s au nombre de chutes en passant par les réhospitalisations, les escarres et les infections nosocomiales. Ce sont là les principaux, mais il y a ensuite des dizaines, voire des centaines d’indicateurs selon les spécialités. En orthopédie par exemple, on mesure le taux de prothèses qui génèrent des complications. En pneumologie, un test de marche est effectué à l’entrée, avant de fixer un objectif pour la sortie. La qualité est ainsi quantifiée sous de multiples aspects.

Quantifier est-il un moyen de s’améliorer?

Nous incitons les employé·e·s à déclarer chaque incident, afin que tous les évènements indésirables puissent ensuite être analysés. On se penche alors sur les signes avant-coureurs qui auraient pu nous alerter et sur les mesures à prendre pour que cela ne se reproduise pas. Travailler sur la récurrence est un objectif majeur pour les hôpitaux. Cela vient enrichir les processus, que ce soit dans les soins, le médical, mais aussi l’infrastructure, l’hôtellerie, etc.

Ces boucles d’amélioration continue existent largement dans les hôpitaux, et elles figurent du reste dans la stratégie pour le développement de la qualité liée au nouvel article 58 de la LAMal.

Les indicateurs sont-ils essentiels en 2024?

J’en suis convaincu oui, pour un hôpital comme pour n’importe quelle entreprise. A mon sens, il serait erroné de travailler sans lorsque l’on pilote un hôpital comme le GHOL. Et ce, d’autant plus lorsque l’on travaille comme nous sur une approche «risque».

Pourriez-vous nous donner un exemple concret?

L’un de nos risques principaux réside dans nos difficultés de recrutement. Le personnel qualifié se fait rare. En étant très proche de la France, nous sommes dépendants de nos voisins. Il s’agit de s’assurer que l’on mette en place de bonnes conditions pour nos employé·e·s suisses et français·es, afin qu’elles et ils viennent chez nous pour garantir la pérennité de l’hôpital. Les indicateurs, chiffrés ou même plus subjectifs, permettent de nous assurer que l’on avance dans le bon sens.

Photo de titre: Le GHOL travaille sur une approche «risque». Dans ce cadre, s’appuyer sur des indicateurs est essentiel pour piloter le groupement de façon efficiente, avance son directeur, Etienne Caloz (Crédit photo: GHOL).