«Le projet de formation a été lancé en 2017, en collaboration avec les HUG et le HIB pour Espace Compétences», rappelle Sandra Jeanneret, directrice des soins du RHNe. L’idée: optimiser les séjours hospitaliers, améliorer l’utilisation des forfaits DRG et renforcer le bien-être des patient∙e∙s. Au départ, seules deux Case Managers officiaient en chirurgie orthopédique et en médecine. «Aujourd’hui, nous en comptons treize, réparti∙e∙s sur nos différents sites», souligne Sandra Jeanneret.
L’introduction de cette nouvelle fonction n’a pourtant pas été simple. «L’implémentation n’a pas été aisée au lancement du projet, car cela impacte les pratiques de plusieurs corps de métier et met une pression sur les décisions de sortie», se souvient Marie-Laure Jacquot-Pegeot, infirmière cheffe de département et responsable des Case Managers. Certain∙e∙s soignant∙e∙s redoutaient une approche trop financière.
Aujourd’hui, la∙le Case Manager est perçu∙e comme une fonction «pivot» au sein des unités. «Elles∙ils participent à la visite médicale, assurent le lien entre infirmières∙ers et médecins et les différents partenaires impliqués dans le parcours du patient. Elles.ils et anticipent les éventuels freins à la sortie dès l’anamnèse», décrit Marie-Laure Jacquot-Pegeot. Cette anticipation est essentielle: examens à prévoir, ressources à mobiliser, transfert à organiser… Le Case Manager veille à ce que le parcours soit le plus fluide possible. «Leur absence se fait immédiatement ressentir, aussi bien sur le plan organisationnel que financier», insiste-t-elle.
«Les unités ont tendance à se reposer sur elles∙eux, au point de leur confier des tâches qui ne sont pas les leurs», note Marie-Laure Jacquot-Pegeot. Un glissement qu’il faut éviter: «Leur mission est de coordonner, pas de faire à la place des autres», rappelle Sandra Jeanneret.
Au-delà de la gestion des flux et des séjours, les Case Managers ont aussi une fonction de plaidoyer. «Elles∙ils doivent faire la balance entre la volonté de raccourcir les séjours et l’écoute des patient∙e∙s. Elles∙ils sont leurs avocat∙e∙s pour une prise en charge optimale», souligne Sandra Jeanneret. Connus pour leur polyvalence, ces professionnel∙le∙s sont aussi «de véritables couteaux suisses», ajoute-t-elle, grâce à leur vision globale des unités et à leurs liens étroits avec les réseaux externes.
«Nous réfléchissons à une extension vers la réadaptation, avec des missions spécifiques», indique Sandra Jeanneret. Les besoins croissent: «Médecins et équipes réclament davantage de Case Managers. Leur fonction est désormais incontournable», ajoute-t-elle. En 2026, le RHNe prévoit d’en recruter un∙e en urologie et de renforcer la dotation pour couvrir tous les jours, y compris pendant les vacances.
Avec la montée en puissance de l’ambulatoire, le rôle des IPM ne fera que s’amplifier. «D’ici cinq ans, le parcours hospitalier sera entrecoupé de phases ambulatoires. Il faudra des personnes qui coordonnent aussi ces transitions», anticipe Sandra Jeanneret. L’intelligence artificielle prendra peut-être le relais sur certains aspects techniques, comme le précodage. Mais pour la coordination humaine, les Case Managers resteront au centre du dispositif. «Leur proximité avec les patient∙e∙s et les équipes en fait un maillon essentiel, que nous voulons absolument préserver», conclut la directrice des soins.
Photo de titre: L’équipe des Case Managers du RHNe (crédit photo: Salomé Bielser).