Pour faire progresser la numérisation dans les hôpitaux et cliniques, j’ai trois priorités. Premièrement, il s’agit de permettre une digitalisation porteuse de sens avec des standards nationaux; par exemple, un dossier eMédication qui fonctionne de Genève à Coire. Le défi réside dans la diversité des acteurs et des systèmes informatiques, tant dans le secteur ambulatoire que stationnaire.
Oui, c’est et cela reste un point sensible. Lors de l’investissement initial, la valeur ajoutée ne profite pas toujours directement à celui qui investit. Si, par exemple, les médecins de famille investissent dans l’introduction de l’eOrdonnance, ce sont d’abord surtout les pharmacies qui bénéficient de l’automatisation. Ce n’est que plus tard que les médecins profitent aussi d’avantages, grâce à une vue plus transparente et plus claire sur le respect des objectifs thérapeutiques. Avec les différents acteurs, nous nous engageons pour des systèmes d’incitation qui permettent la mise en œuvre à large échelle de telles solutions.
Absolument. Il est temps de dépasser le travail en silo et de penser en réseau. Il est important de se concentrer progressivement sur des cas d’usage précis, comme par exemple l’eMédication. Celle-ci concerne tous les prestataires de soins et améliorerait la sécurité des patient∙e∙s.
La numérisation est aussi un sujet politique. Je veux créer, avec les personnes concernées, un réseau afin d’agir ensemble sur le plan politique. H+ doit être perçue comme un partenaire engagé dans la numérisation.
Avec quelques ajustements, on peut réduire la charge administrative dans les hôpitaux. Un exemple: lorsque les valeurs de tension artérielle doivent être saisies manuellement, car l’appareil de mesure n’est pas connecté au système d’information hospitalier (SIH). Il faut également structurer correctement les données internes. Ces bases doivent être établies avant même de penser à l’intelligence artificielle.
Des conditions-cadres contraignantes pour tous les acteurs sont essentielles. Pour l’eOrdonnance, des prescriptions en matière de format apportent plus de sécurité pour les investissements. Il faut aussi un engagement global du secteur tout au long du parcours de soins, en ambulatoire comme en stationnaire, afin que l’eOrdonnance puisse réellement être utilisée dans chaque pharmacie. H+ peut contribuer à définir des standards qui vont dans le sens des hôpitaux. C’est pourquoi je participe activement au groupe de travail sur la gestion des données et que je copréside l’organe sectoriel de DigiSanté, des instances où ces questions sont discutées et hiérarchisées.
Les prestataires de soins peuvent déjà aujourd’hui intégrer des données structurées dans le DEP. La population pourrait ainsi accéder, en un seul endroit, à ses données de santé. Mais le téléchargement automatique est encore rarement pratiqué dans le secteur ambulatoire, et le faire manuellement n’est pas réaliste en termes de temps.
Le plus grand potentiel se situe dans les processus administratifs, afin de gagner du temps. L’IA pourrait aussi apporter une grande valeur ajoutée dans le domaine médical.
La responsabilité incombe aux hôpitaux eux-mêmes. Mais H+ peut organiser des échanges d’expériences entre hôpitaux pour définir et partager les meilleures pratiques.
Les hôpitaux réfléchissent de plus en plus à la manière d’organiser et de structurer leurs données. Cela restera important, notamment pour la communication intersectorielle. Je vois une opportunité dans le Swiss Health Data Space, dans le cadre de DigiSanté. L’eMédication devrait y être mise en œuvre comme premier cas d’usage intersectoriel.
Je constate que tous les hôpitaux s’occupent du sujet de la numérisation. Ils doivent poursuivre dans cette voie et rester ouverts à ce qui se fait ailleurs. Il est aussi important d’aborder cette thématique collectivement. J’invite les hôpitaux et les cliniques à m’informer de leurs projets, afin d’avoir une meilleure vue d’ensemble, de créer des synergies et, le cas échéant, de faire remonter des projets régionaux au niveau national.
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