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4. février 2022

Focus Vaccination

Recherche dans les hôpitaux

Vaccins de nouvelle génération en phase d’essai clinique

Unisanté réalise un essai clinique sur un nouveau type de vaccin pour lutter contre la dengue. Depuis janvier, un vaccin contre le COVID-19 utilisant la même technologie est également testé à Lausanne.
Competence Blaise Genton

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auteur

Prof.

Blaise Genton

Co-chef du département Formation, recherche et innovation et médecin-chef de la Policlinique de médecine tropicale, voyages et vaccination, Unisanté, Lausanne

blaise.genton@unisante.ch

Dans le processus de développement d’un nouveau produit thérapeutique, les essais cliniques sont une étape obligatoire et fondamentale. Tout nouveau vaccin, médicament, dispositif médical ou procédure chirurgicale doit passer par une série d’essais cliniques qui attestent de la sécurité et de l’efficacité du produit sur l’être humain.

Dans le processus de développement d‘un nouveau produit thérapeutique, les essais cliniques sont une étape obligatoire. (Photo: Pixabay, Michel Jarmoluk)

En tant que centre universitaire de médecine générale et santé publique, Unisanté est régulièrement mandaté pour réaliser ce type d’études. En plus de répondre aux questions initiales sur la sécurité et l’efficacité du produit, cette recherche médicale permet d’investiguer les mécanismes de fonctionnement du produit. Les études d’Unisanté répondent donc aux exigences standardisées des essais cliniques et aux aspirations d’accroissement des connaissances de la recherche fondamentale.

Nouveau vaccin porteur d’espoir

En août 2021, Unisanté a par exemple été mandaté pour réaliser une étude clinique sur un nouveau type de vaccin contre la dengue. Conçu par la société anglaise Emergex Vaccines, le vaccin PepGNP-Dengue agit en tuant les cellules infectées plutôt qu‘en produisant une réponse à base d‘anticorps, comme les vaccins classiques. Dans le cas de la dengue, les anticorps sont en effet parfois protecteurs, mais peuvent se révéler aussi aggravants chez les personnes réexposées au virus, un phénomène connu sous le nom de «renforcement dépendant des anticorps». Il n‘existe actuellement qu‘un vaccin homologué contre la dengue et sa technologie inductrice d‘anticorps s‘avère quelquefois délétère en termes de sécurité et d‘efficacité. La nouvelle technologie du vaccin PepGNP-Dengue offre un réel espoir. Il a en effet le potentiel de fournir une immunité cellulaire efficace contre les quatre sérotypes de la dengue, avec la possibilité d‘une protection à long terme.

Essai clinique de phase I

Pour cet essai clinique de phase I, l’objectif initial était de déterminer si le vaccin, administré pour la première fois chez l’être humain, n’induisait pas d’effets secondaires indésirables sévères chez des volontaires sains. Approuvée par la Commission d’éthique du canton de Vaud et Swissmedic, l’étude a été réalisée à Lausanne avec la participation du Centre de recherche clinique (CRC) du CHUV-UNIL et du service d’immunologie et allergie du CHUV.

L’étude, randomisée et en double-aveugle, a impliqué 26 volontaires en bonne santé âgés de 18 à 45 ans. Le vaccin a été injecté à la moitié d’entre eux, dans des concentrations différentes. Leur état de santé a ensuite été suivi durant six mois. Des prélèvements sanguins réguliers ont permis d’effectuer des analyses biologiques et immunologiques, de manière à détecter d’éventuels effets secondaires du vaccin et déterminer la capacité du vaccin à induire une réaction immune contre la dengue. Si des effets secondaires avaient été détectés, ils auraient été déclarés à Swissmedic, d’après le principe de pharmacovigilance qui prévaut pour tout produit thérapeutique.

Etude clinique de phase II

La fin de ce suivi est agendée en mars 2022. Si les résultats de l’étude indiquent que le vaccin remplit les critères de sécurité et immunogénicité, l‘essai clinique de phase II pourra alors être effectué. Il portera sur un nombre plus élevé de volontaires et sera vraisemblablement effectué dans un pays où la fièvre dengue est endémique. Un essai clinique se fait généralement en quatre phase, avec un nombre croissant de volontaires pour détecter potentiellement des effets secondaires rares. Depuis janvier, un vaccin contre le COVID-19 utilisant la même technologie est testé à Unisanté sur le même modèle d’étude. Il pourrait se révéler efficace pour lutter contre les nouveaux variants et assurer une protection à long terme, sans nécessité de rappel saisonnier. Les premiers résultats sont attendus pour juin 2022.

(Photo: Pexels / Edward Jenner)