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4. avril 2023

Focus

Nouvelles constructions hospitalières

L’hôpital du futur se construit à Sion

Le nouvel établissement valaisan regroupera toute l’activié opératoire du Centre hospitalier du Valais romand (CHVR). Un chantier de taille pour la population valaisanne. Pascal Bruchez, chef des projets stratégiques, répond à nos questions.
Competence Muriel Chavaillaz

auteur

Muriel Chavaillaz

Journaliste de Competence pour la Suisse romande et le Tessin

muriel.chavaillaz@hplus.ch

pascal bruchez hopital du valais
Pascal Bruchez, chef des projets stratégiques de l’Hôpital du Valais

Comment décririez-vous le futur hôpital de Sion, en quelques mots clés?

Un hôpital moderne, lumineux, pratique et efficient pour les patient·e·s, les visiteurs·euses et les professionnel·le·s de la santé. En regroupant toute l’activité opératoire du Centre hospitalier du Valais romand (CHVR), il passera de 6 à 14 salles d’opération et offrira après la rénovation des infrastructures existantes 140 lits supplémentaires pour un total de 400. Le déplacement de certains services dans le nouveau bâtiment garantira une sécurité sismique du plus haut niveau pour les activités critiques.

En chiffres, quelque 30 000 m3 de béton, 4 000 tonnes d’acier, 725 km de câbles électriques, 15 km de fibre optique et 220 km de câbles informatiques seront utilisés pour construire le nouveau bâtiment de l’hôpital de Sion.

En ces temps compliqués, est-il toujours possible de respecter les délais annoncés ? Êtes-vous victime de pénurie de matériel?

Tous les chantiers en cours durant la pandémie de covid-19 et particulièrement pendant le conflit en Ukraine ont été confrontés, et le sont parfois encore, à des difficultés d’approvisionnement de divers matériaux, plus particulièrement les dérivés de l’acier et les produits dépendant des hydrocarbures, comme les isolations. Grâce à une bonne planification en amont, nous avons pu prendre des mesures avec les entreprises pour disposer de matériaux en quantité suffisante sur le chantier. Le prix de ces derniers a toutefois subi d’importantes augmentations, de l’ordre de 100 % dans certains cas. Des négociations régulières et parfois intenses avec les entreprises nous ont cependant permis de respecter les délais prévus.

Qu’en est-il du budget? Est-il possible de le respecter, malgré la conjoncture actuelle?

L’ensemble des travaux sans le renchérissement est estimé à 247,5 millions de francs. La situation s’est stabilisée depuis quelques mois, mais les épisodes de crise déjà évoqués ont généré des augmentations de 10 % à 15 % du coût de réalisation de l’hôpital de Sion, alors que l’indexation du coût de la vie a été de 2,8 % l’an dernier. Le problème de financement de ces renchérissements est réel et nous espérons le retour d’une vraie stabilité en Europe et dans le monde.

L’impact climatique vous importe-t-il ? Si oui, pourriez-vous nous citer quelques-unes des mesures environnementales qui sont prises par l’Hôpital du Valais pour ce nouveau bâtiment?

La conception des nouveaux bâtiments de l’Hôpital du Valais s’intègre dans une optique de « green hospital ». En parallèle à ce projet innovant et orienté dans une démarche de développement durable, nous avons réalisé une « radiographie » des bonnes pratiques en matière environnementale. Non seulement au niveau de la construction qui correspond au label « Minergie », mais également au niveau des processus. Nous avons également profité de ces projets pour nous raccorder au chauffage à distance, créer une centrale photovoltaïque en autoconsommation et optimiser l’utilisation de la nappe phréatique.

À l’inauguration en 2026 de l’extension de l’hôpital de Sion, nous utiliserons 100 % d’énergie renouvelable contre 55 % aujourd’hui.

Tous les hôpitaux du pays souffrent d’une pénurie de personnel qualifié. Y aura-t-il des zones de « bien-être », de nouveaux espaces de qualité qui seront prévus pour que les soignant·e·s puissent se ressourcer?

Les extensions des sites de Sion et de Brigue sont conçues pour offrir des espaces de travail lumineux. Nous avons également adapté les surfaces de restauration, de réunion, ainsi que les accès vers l’extérieur. La nature est invitée directement à l’intérieur de l’hôpital grâce à une série de patios et à la cour centrale. Les vues s’ouvrant sur le grand paysage alpin et les espaces verts procurent un cadre de travail et de rétablissement idéal.

Pour le bien-être des collaborateurs, nous avons, en parallèle à ces réalisations majeures, mis en place des concepts de mobilité douce et d’accessibilité universelle. Particulièrement sur le site de Sion, nous inaugurerons cet automne une passerelle impressionnante sur l’autoroute. Elle permettra une liaison sécurisée et confortable pour les piétons, les cyclistes, les trottinettes, au centre-ville. Ceci est d’autant plus intéressant dans l’optique de l’installation dans 3-4 ans de la nouvelle HES-SO Santé à proximité immédiate de l’hôpital, pour former un véritable « Pôle Santé » qui devrait concentrer quelque 5000 personnes sur le site de Champsec, contre 3000 environ aujourd’hui.

Le concours d’architecture a été lancé en 2015. Comment éviter que l’hôpital ne soit déjà «dépassé» lors de son entrée en fonction?

Les quatre étages de l’extension de l’hôpital de Sion sont basés sur un plan libre et flexible. Ce dernier pourra s’adapter aux utilisateurs futurs grâce à l’absence de murs porteurs à l’intérieur des volumes. Le choix de porteurs par pilotis a permis aux architectes d’utiliser une plus grande surface utile. Cette flexibilité est toutefois légèrement limitée par la réalisation de mesures antisismiques en classe d’ouvrage 3.

Le Valais étant un canton particulièrement sujet à un séisme majeur, les mesures structurelles se sont concentrées sur les escaliers de secours et les cages d’ascenseurs, qui ont été renforcées afin de stabiliser le bâtiment. En dehors de ces éléments, le plan est composé de parois légères.

Personnellement, que trouvez-vous le plus stimulant dans ce projet d’envergure pour la population valaisanne?

J’ai le plaisir de conduire ce projet de la définition des besoins à la remise de l’extension de l’hôpital de Sion aux utilisateurs, dans 3 ans. Il s’agit d’un projet de longue haleine qui a débuté il y a 8 ans. Il a été conçu, à l’image de l’hôpital des années 1980, pour une durée de 30 à 40 ans. La rencontre avec les professionnels des soins et la découverte de leur métier a certainement été un moment fort de ce projet. Comme l’hôpital des années 1980 a défini un nouvel usage de la zone de Champsec, cette extension, en lien avec l’installation de HES-SO Santé, donnera un nouveau visage à tout le site et le rapprochera encore du centre-ville de Sion. C’est un enjeu et un défi assez passionnant.