pénurie personnel frontalier point de vue EOC Bellinzone Annette Biegger
Competence Readtime3 min
12. décembre 2022

Focus

Ente Ospedaliero Cantonale (EOC)

Le personnel frontalier, une solution à la pénurie?

Le recours au personnel frontalier est-il une bonne solution pour pallier le manque de main-d’œuvre? Annette Biegger témoigne de l’expérience du Tessin.
Competence Marie-Claire Chamot

auteur

Marie-Claire Chamot

Rédactrice de Competence pour la Suisse romande et le Tessin

marie-claire.chamot@hplus.ch

Annette Biegger, Directrice des soins, Ente Ospedaliero Cantonale (EOC)

Quelle est la proportion de frontaliers dans le personnel médico-soignant de l’EOC?

13% des médecins-assistants et des chefs de clinique et 25% des infirmières et des infirmiers sont frontaliers. Ces chiffres sont stables. Le taux aussi bas de médecins frontaliers s’explique: pour la sécurité des patients, l’EOC exige que les médecins cadres résident à proximité, au moins dans le canton. Chez les infirmières et les infirmiers, nous avons constaté que le taux de personnel frontalier est plus élevé dans les services spécialisés, comme la médecine intensive. Les spécialisations qui exigent des formations poussées représentent un investissement important et à long terme, il faut y travailler pour être mieux préparé à l’avenir.

La pénurie de personnel qualifié en Suisse vous contraint-elle à recruter encore plus à l’étranger?

Ce n’est pas le cas de l’EOC. D’abord, nous avons des règles assez strictes: à compétences égales, nous engageons des résidents tessinois. Ensuite, l’EOC souffre peu de la concurrence: comme c’est le seul canton italophone, le personnel infirmier formé au Tessin y reste en général. Le canton a cependant décidé d’anticiper le risque de pénurie en augmentant de 250 à 280 le nombre de places de formation annuelles. Cela signifie d’augmenter aussi le nombre de places de stages, en introduisant des incitatifs et des sanctions. En outre, nous devons offrir des conditions satisfaisantes pour maintenir le personnel en emploi.

Le plan d’action ProSan 2021–2024 veut augmenter de 60 à 80% la proportion de personnel soignant résidant au Tessin. Pour quelle raison?

L’EOC est déjà proche de ce pourcentage, c’est vrai; mais, au Tessin, 45% des prestations hospitalières sont assurées par le secteur privé, qui connaît des taux de frontaliers plus élevés. Le Tessin craint d’être dépendant d’autres pays, la fermeture des frontières pendant la pandémie nous a rendus attentifs à ce risque.

La culture professionnelle est-elle très différente de l’autre côté de la frontière?

D’abord, je voudrais souligner que la formation est de qualité des deux côtés de la frontière. Cependant, il existe effectivement quelques différences culturelles. Cela ne se remarque pas dans le rapport aux patients mais dans les relations interprofessionnelles. Les médecins italiens ont une vision légèrement différente de la collaboration interprofessionnelle. L’EOC est très attentif à cette question délicate: le personnel qui commence à travailler pour l’EOC est informé de nos pratiques plus égalitaires et nous avons également introduit des codes de comportement écrits.

Photo de titre: deepblue4you via Canva.com

   

Suivez les actualités avec notre Newsletter.