L’ampleur de la tâche avait de quoi effrayer: rénover et agrandir de 1000 mètres carrés les Urgences de Genève, sans jamais fermer le service. Une gageure que les équipes des HUG comparent à «changer le moteur d’un Boeing en plein vol». Une image loin d’être surfaite: «Les travaux, qui ont duré 42 mois, étaient titanesques, souligne le professeur François Sarasin, l’ex-chef des Urgences, qui a passé le témoin au prof. Thibaut Desmettre cet automne.
Nous avons totalement réorganisé l’ensemble des soins, de l’arrivée des patient·e·s jusqu’à leur sortie.
Thibaut Desmettre, chef des Urgences
«En 24 ans d’expérience architecturale hospitalière, c’est le projet le plus compliqué qu’il m’ait été donné de mener, souligne Pierre Adnet, chef du Service études et constructions aux HUG. Treize déménagements successifs ont été effectués. Il fallait faire très attention aux nuisances pour les patient·e·s qui étaient pris·es en charge à deux pas des travaux. La transformation a été totale, seuls les murs porteurs ont été gardés.»
Ce projet, qui a été financé à hauteur de 48 millions par le canton de Genève, était essentiel pour répondre aux besoins de la population, comme le rappelle Bertrand Levrat, directeur des HUG: «À Genève, il y a une urgence toutes les trois minutes. Alors qu’elles étaient conçues pour accueillir 60000 personnes par an, les Urgences en ont soigné 75000 en 2019, lorsque le chantier a démarré.» Cette tendance n’est pas près de fléchir, puisqu’une croissance des consultations de 3,5% par an a été calculée.
Un nouveau processus qui satisfait autant les utilisateurs·trices que les employé·e·s. «Grâce à cette organisation inédite, les patient·e·s sont rapidement trié·e·s et acheminé·e·s vers le service adéquat (unité de déchocage, urgences polyvalentes, urgences ambulatoires, urgences psychiatriques ou radiologie), précise le Dr Marc Niquille, médecin adjoint responsable des urgences préhospitalières. Les temps d’attente sont ainsi réduits et les flux optimisés.»
Pour améliorer le service, les HUG misent également sur une collaboration renforcée avec les acteurs·trices externes. Pour le Dr Hervé Spechbach, responsable de l’Unité d’urgences ambulatoires, il est nécessaire de mieux anticiper les afflux en répartissant les patient·e·s sur l’ensemble du Réseau Urgences Genève, qui comprend six services publics et privés. De plus, une coopération accrue avec les médecins de ville est également nécessaire. Car comme le rappelle l’expert, 20% des patient·e·s des Urgences ambulatoires n’ont pas de médecin traitant.
Photo de titre: HUG