S’il n’y avait pas eu de vaccin, cela fait longtemps que la situation serait très grave! Durant cette cinquième vague, le nombre de contaminations est majeur, plus élevé que lors des vagues précédentes, mais il y a moins d’hospitalisations et moins de formes graves de la maladie. La vaccination a eu un impact, clairement, et il faut vraiment faire passer le message que les gens doivent se faire vacciner. Actuellement, la situation évolue au point que nous avons été contraints d’ouvrir cinq lits supplémentaires de soins intensifs.
Les hôpitaux essaient de s’entraider et de réguler globalement la situation. Durant la cinquième vague, le CHUV a malheureusement été amené à transférer des patient·e·s vers d’autres hôpitaux. Jusqu’à maintenant, essentiellement vers des hôpitaux romands, mais on ne sait pas combien de temps ce sera encore possible. La grande différence avec les premières vagues, c’est qu’il y a plus de patients COVID et donc moins de disponibilité également dans les hôpitaux alémaniques.
Des efforts majeurs! Jusqu’ici, nous étions cantonnés à nos 35 lits certifiés, mais cela ne suffit plus pour accueillir tous les nouveaux patient·e·s. Il faut trouver de la place par tous les moyens. Nous devons être très réactifs, déplacer les malades dans d’autres services dès qu’ils peuvent passer à un isolement standard. Le turnover des patient·e·s augmente massivement alors que nous connaissons un absentéisme sans précédent. Et cela fait une énorme différence! Il faut déplacer du personnel compétent d’autres services, de médecine ou d’ailleurs, engager de nouveaux collaborateurs et collaboratrices et les encadrer.
Il y a plusieurs causes: la fatigue générale, mais aussi des contaminations dans le personnel. De plus, comme il y a maintenant beaucoup de contaminations dans les écoles, certains collaborateurs et collaboratrices doivent s’occuper de leurs enfants en quarantaine à domicile. Et on en est déjà la cinquième vague… Le personnel est lassé de ces vagues successives qui mettent l‘hôpital sous tension et le moral n’est pas très bon. Le personnel est sur le pont depuis très longtemps, il ne peut pas recommencer ce qu’il a fait lors des premières vagues.
Il faut vacciner le maximum possible! Tous les adultes doivent se faire vacciner et j’encourage tous les vaccinés à se faire injecter rapidement une troisième dose. Elle est vivement recommandée six mois après le second vaccin, mais après quatre mois déjà, elle est sans danger et son efficacité en est augmentée. De plus, il faut absolument respecter les gestes barrières comme le port du masque et la distance sociale.
85 % des patients COVID aux soins intensifs ne sont pas vaccinés, mais malheureusement, certains ne changent pas d’avis sur le vaccin… Ils se prétendent «immunisés naturellement», mais c’est un raisonnement qui ne tient pas: la maladie peut être mortelle ou provoquer des effets secondaires persistants à long terme. Ce sont des risques inutiles alors que les vaccins ARN utilisent une technologie extrêmement sûre. J’ai moi-même fait vacciner mes enfants et si les intensivistes font vacciner leurs enfants, c’est qu’ils ont une totale confiance dans le vaccin!
(Photos: CHUV / Eric Déroze)