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4. février 2022

Focus Vaccination

Centre hospitalier universitaire vaudois (CHUV)

Les soins intensifs sont encore et toujours sous tension

La pandémie met régulièrement les soins intensifs des hôpitaux sous tension, au CHUV comme ailleurs. Chef du Service de médecine intensive adulte, Jean-Daniel Chiche insiste dans cet interview sur la nécessité de se faire vacciner.

Competence Marie-Claire Chamot

auteur

Marie-Claire Chamot

Rédactrice de Competence pour la Suisse romande et le Tessin

marie-claire.chamot@hplus.ch

Au CHUV, quels ont été les effets de la vaccination de la population sur le service des soins intensifs?

S’il n’y avait pas eu de vaccin, cela fait longtemps que la situation serait très grave! Durant cette cinquième vague, le nombre de contaminations est majeur, plus élevé que lors des vagues précédentes, mais il y a moins d’hospitalisations et moins de formes graves de la maladie. La vaccination a eu un impact, clairement, et il faut vraiment faire passer le message que les gens doivent se faire vacciner. Actuellement, la situation évolue au point que nous avons été contraints d’ouvrir cinq lits supplémentaires de soins intensifs.

Avez-vous également dû transférer des patients dans d’autres hôpitaux?

Les hôpitaux essaient de s’entraider et de réguler globalement la situation. Durant la cinquième vague, le CHUV a malheureusement été amené à transférer des patient·e·s vers d’autres hôpitaux. Jusqu’à maintenant, essentiellement vers des hôpitaux romands, mais on ne sait pas combien de temps ce sera encore possible. La grande différence avec les premières vagues, c’est qu’il y a plus de patients COVID et donc moins de disponibilité également dans les hôpitaux alémaniques.

Prof. Jean-Daniel Chiche, Chef du Service
de médecine intensive adulte au CHUV

Qu’est-ce que cela signifie d’ouvrir cinq à six lits supplémentaires en soins intensifs?

Des efforts majeurs! Jusqu’ici, nous étions cantonnés à nos 35 lits certifiés, mais cela ne suffit plus pour accueillir tous les nouveaux patient·e·s. Il faut trouver de la place par tous les moyens. Nous devons être très réactifs, déplacer les malades dans d’autres services dès qu’ils peuvent passer à un isolement standard. Le turnover des patient·e·s augmente massivement alors que nous connaissons un absentéisme sans précédent. Et cela fait une énorme différence! Il faut déplacer du personnel compétent d’autres services, de médecine ou d’ailleurs, engager de nouveaux collaborateurs et collaboratrices et les encadrer.

Comment expliquez-vous un tel absentéisme?

Il y a plusieurs causes: la fatigue générale, mais aussi des contaminations dans le personnel. De plus, comme il y a maintenant beaucoup de contaminations dans les écoles, certains collaborateurs et collaboratrices doivent s’occuper de leurs enfants en quarantaine à domicile. Et on en est déjà la cinquième vague… Le personnel est lassé de ces vagues successives qui mettent l‘hôpital sous tension et le moral n’est pas très bon. Le personnel est sur le pont depuis très longtemps, il ne peut pas recommencer ce qu’il a fait lors des premières vagues.

«85  % des patients COVID aux soins intensifs ne sont pas vaccinés, mais malheureusement, certains ne changent pas d‘avis sur le vaccin.»

Pour améliorer la situation dans les hôpitaux, quel taux de vaccination faudrait-il atteindre dans la population? 

Il faut vacciner le maximum possible! Tous les adultes doivent se faire vacciner et j’encourage tous les vaccinés à se faire injecter rapidement une troisième dose. Elle est vivement recommandée six mois après le second vaccin, mais après quatre mois déjà, elle est sans danger et son efficacité en est augmentée. De plus, il faut absolument respecter les gestes barrières comme le port du masque et la distance sociale.

Les soins intensifs accueillent en majeure partie des patients non vaccinés. Changent-ils d’avis après avoir fait l’expérience de la maladie?

85 % des patients COVID aux soins intensifs ne sont pas vaccinés, mais malheureusement, certains ne changent pas d’avis sur le vaccin… Ils se prétendent «immunisés naturellement», mais c’est un raisonnement qui ne tient pas: la maladie peut être mortelle ou provoquer des effets secondaires persistants à long terme. Ce sont des risques inutiles alors que les vaccins ARN utilisent une technologie extrêmement sûre. J’ai moi-même fait vacciner mes enfants et si les intensivistes font vacciner leurs enfants, c’est qu’ils ont une totale confiance dans le vaccin!

(Photos: CHUV / Eric Déroze)

   

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