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21. septembre 2021

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Centre hospitalier universitaire vaudois

La modernisation du CHUV assure la deuxième vie d’un vaste patrimoine

Catherine Borghini Polier dirige les constructions, l’ingénierie, la technique et la sécurité du CHUV. Sa mission? Construire, transformer et entretenir les infrastructures pour faire face aux défis de la première moitié du XXIe siècle.
Competence Joelle Isler

auteur

Joelle Isler

Responsable de l’information, Direction des constructions, ingénierie, technique et sécurité, Centre hospitalier universitaire vaudois (CHUV), Lausanne

joelle.isler@chuv.ch

Les autorités vaudoises escomptent un million d’habitants d’ici à 2040 dans le canton. Quels sont les moyens mis à la disposition du service constructeur du CHUV pour adapter les infrastructures à un tel bassin de population?

Dès 2009, un plan d‘investissement d’environ 1 milliard de francs a été proposé afin de moderniser et étendre les constructions du CHUV, pour la prise en charge des patient·e·s. Aujourd’hui, plus de 700 millions de francs ont déjà été accordés par les pouvoirs publics et les chantiers battent leur plein.

Quels sont les projets phares de cette gigantesque opération de modernisation?

Tous les projets ont leur importance et constituent un enjeu stratégique pour l’institution. Pour exprimer la diversité de ces constructions, je citerais le nouvel Hôpital des enfants, la rénovation du plateau technique, en particulier du bloc opératoire, la construction de laboratoires pour le Ludwig Institute for Cancer Research sur le site du Biôpole à Epalinges et encore la réalisation de nouveaux édifices pour l’hôpital psychiatrique de Cery à Prilly.

«Un plan d‘investissement d’environ 1 milliard de francs a été proposé.»

Catherine Borghini Polier

Gérer le patrimoine du CHUV, c’est aussi veiller à l’entretien, voire à la modernisation des infrastructures existantes. Comment hiérarchisez-vous les actions?

En effet, il faut maintenir ce patrimoine et, dans ma direction, il y a des équipes qui s’occupent de la maintenance technique des infrastructures et de leur renouvellement: elles sont très axées sur l’exploitation. D’autres équipes réalisent tous les projets de petite à moyenne envergure, afin d’adapter les locaux à l’évolution de l’activité et s’occupent également de l’entretien des bâtiments. Enfin, certains sont en charge de mener à bien les projets d’envergure que j’ai cités précédemment. Les contraintes environnementales accélèrent également la nécessité d’assainir rapidement les enveloppes des bâtiments.

Qui compose les équipes que vous pilotez? Pouvez-vous décrire l’organisation de votre secteur?

Mon secteur couvre la construction, l’ingénierie, l’exploitation technique et la sécurité. Il compte près de 250 collaborateurs et collaboratrices. Il y a deux équipes distinctes d’architectes qui sont soutenues par des ingénieurs. Ma direction englobe également l’ingénierie biomédicale, ainsi que la maintenance des dispositifs médicaux. Quant à l’exploitation, nous sommes organisés par site – le patrimoine étant vaste – avec des équipes polyvalentes sur les sites psychiatriques et d’autres très pointues dans leur domaine d’activité, pour la cité hospitalière. La sécurité des infrastructures et des personnes vient compléter ce dispositif et permet également une très bonne coordination des impacts des chantiers sur l’exploitation, ainsi qu’une expertise sécuritaire dans le cadre du développement de nos projets. Nous nous occupons ainsi de concevoir les infrastructures, de les construire, de les équiper, de réaliser les transferts d’activité et d’assurer une exploitation sécuritaire.

Les chantiers de construction et de rénovation du CHUV battent leur plein à Lausanne, Epalinges et Prilly sous la haute direction de Catherine Borghini Polier. (Photos: CHUV / Heidi Diaz)

Vous avez hérité du bâtiment hospitalier principal du CHUV dessiné dans les années soixante et construit la décennie suivante. Comment a-t-il passé les ans et quelles sont les adaptations actuelles?

L’édification du bâtiment principal avait suscité beaucoup d’émotion et changé le paysage lausannois. Cette une construction relativement classique, avec ce que l’on appelle une galette qui englobe tous les plateaux techniques et une tour de lits. Ce bâtiment, qui a bientôt 40 ans, a pu être adapté pour accueillir les nouvelles technologies, bien que sa structure porteuse ne soit espacée que de 7m20, ce qui est un peu faible et conditionne par exemple les largeurs des chambres ou des salles d’opération. Mais finalement, nous avons résolument pris le pari de lui donner une deuxième vie, afin de lui permettre de doubler son âge.

Vous avez dépassé la moitié des possibilités offertes par le plan d’affectation lors de la mise en service de l’Hôpital des enfants en 2024. Comment allez-vous réhabiliter l’esplanade du CHUV, vitrine de l’institution?

Il est certain qu’avec tous ces chantiers, l’accessibilité est péjorée, tout comme le sont les espaces extérieurs. A la fin de la construction de l’Hôpital des enfants, l’esplanade d’entrée et le hall du bâtiment principal seront complètement revus en favorisant:

  • l’accès aux personnes à mobilité réduite
  • les zones de dépose pour les véhicules
  • les espaces végétalisés et les zones de détente

C’est finalement l’occasion de repenser toute la notion de l’accueil.

Quels sont les projets à suivre? Et sur le plan des avancées technologiques, quels défis accompagnez-vous?

Les défis résident notamment dans la construction d’infrastructures ambulatoires et de support comme la réalisation d’un héliport moderne. Le CHUV doit se mettre en conformité avec les nouvelles directives émises par l’Office fédéral de l’aviation civile. Pour ce faire, nous implanterons deux plateformes sur la toiture du bâtiment hospitalier principal. Deux ascenseurs situés en façade relieront ces héliports aux urgences.

Vous êtes experte en construction hospitalière. Comment vous est venue l’envie de vous spécialiser dans un domaine technologiquement aussi pointu?

J’ai démarré ma carrière d’architecte avec la responsabilité de la construction de la Policlinique médicale universitaire (aujourd’hui Unisanté), qui longe la rue du Bugnon à Lausanne, et accueille les entrées des urgences. Réaliser une construction hospitalière ne laisse pas indifférent: d’une part on se sent porté par le souci d’offrir des lieux appropriés aux personnes en souffrance, afin de leur permettre une prise en charge de qualité, avec un séjour confortable et le plus court possible. D’autre part on se trouve en prise avec une innovation constante, des nouvelles technologies. Ce sont des défis au quotidien, ô combien stimulants et motivants. ■

   

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